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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 01:04

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Chapitre XVI [1-8] : Jésus a disparu de son tombeau, il apparaît à Marie de Magdala, à Marie mère de José et à Salomé. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Puis [9-20] : récit des pèlerins d’Émmaüs, apparition aux onze apôtres, envoi en mission d’évangélisation, ascension de Jésus.

 

Selon l’exégèse traditionnelle du Nouveau Testament, dans les manuscrits primitifs, cet évangile se termine au verset [8] du Chapitre XVI. Dans la TOB, il est écrit en note du verset 8 : « Selon les meilleurs manuscrits, l’évangile de Marc se termine ici » , les versets 9 à 20 ayant vraisemblablement été ajoutés au IIème siècle. Ils constituent ce que la TOB appelle le « texte long », par opposition au « texte court », qui dit… Elles racontèrent brièvement aux compagnons de Pierre ce qui leur avait été annoncé. Ensuite Jésus lui-même fit porter par eux, de l’orient jusqu’au couchant, la proclamation sacrée et incorruptible du salut éternel.

 

La résurrection de Jésus ne faisait donc pas partie du texte initial, ce qui explique que de nombreux exégètes libéraux la refusent et qu’un nombre croissant de chrétiens la mettent en doute. Pierre-Yves Ruff va même plus loin : « Si les femmes furent les seules témoins et ne dirent rien à personne, il s’ensuit logiquement que cet Évangile n’a pas pu être écrit. L’Évangile de Marc met en scène la fiction de sa propre impossibilité ».

 

Les auteurs de l’Évangile selon Marc, rédigé environ trente ans après la mort de Jésus, ne disent pas un seul mot de la résurrection ni des événements qui l’ont suivi et sont décrits dans [9-20]. Il paraît évident que si ces auteurs avaient eu accès à des sources mentionnant la résurrection et l’ascension, ils auraient certainement raconté ces faits à la suite du récit de la mort de Jésus. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait puisque la résurrection est devenue, depuis la théologie paulinienne, le critère de foi le plus important pour les chrétiens ?

 

Nous savons en effet que dans ses Lettres, Paul de Tarse (qui, contrairement à ce qu’il prétend n’était pas apôtre puisqu’il n’a jamais rencontré Jésus), a abondamment parlé de la résurrection, et ce quelques années avant la rédaction de l’Évangile selon Marc. Quelles furent ses sources ? Il est né vers l’an 8 de l’ère courante ; à la mort de Jésus il avait donc environ vingt-deux ans Il n’a commencé à annoncer l’Évangile qu’en l’an 50. Avant il persécutait les chrétiens : Saül, ne respirant toujours que menaces et meurtres contre les disciples du Seigneur… (Actes 9, 1). De 30 à 50 sa haine des premiers chrétiens – il était juif - n’était motivé que par ce qu’il entendait dire au sujet de la résurrection, et il les persécutait sur ordre.

 

Lorsqu’il a commencé à envoyer ses Lettres, aucune source écrite – si ce n’est la Source Q qui n’a été que partiellement reconstituée et dont les fragments disponibles ne mentionnent pas la résurrection – n’était disponible, à plus forte raison historique. Il faudra attendre le IVe siècle pour voir une oeuvre chrétienne véritablement historique avec Eusèbe de Césarée *. Or c’est le siècle de l’empereur Constantin et du concile de Nicée, c’est-à-dire l’époque où l’Église a commencé à être soutenue par le pouvoir civil.

* Les auteurs de l’Évangile attribué à Luc ne sont pas des historiens puisque les témoins à qui ils font appel sont des chrétiens. Le manque d’objectivité est évident.

 

Antérieurement le christianisme passait pour une détestable superstition : la lettre de Pline le Jeune à Trajan en 112, Tacite, Suétone dans sa Vie des douze Césars en disent pis que pendre. Et cependant l’évangélisation a commencé très tôt après la mort de Jésus mais on en trouve davantage de détails dans les apocryphes comme l’Épître des Apôtres (vers 170), les Actes de Thomas (IIIe siècle) qui décrivent les « missions » des disciples du Maître. Comme le souligne à juste titre Jacques-Noël Pérès, pour étudier l’histoire de l’Église, on ne peut pas se contenter des évangiles, actes ou épîtres.

 

à suivre ...

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 00:34

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Dans le sillage du théologien allemand Rudolf Bultmann (1884-1976) qui a prôné l’absolue nécessité de démythologiser les textes sacrés et de rechercher derrière chaque fait invraisemblable quel symbole se cachait, nous proposons cette version dont (presque) tous les miracles * ont été supprimés. Pourquoi « presque » ? Il est impossible de nos jours d’accepter qu’un homme ait pu ramener à la vie des cadavres et, à plus forte raison, se ressusciter lui-même. En revanche, guérir des malades peut être à la portée d’un magnétiseur ou d’un rebouteux, si la maladie n’est pas trop grave. Les seuls « miracles » que nous ayons laissés sont ceux où Jésus rend la vue à un aveugle ou l’ouïe à un sourd, car ils peuvent facilement être démythologisés.
* Rappelons qu’en grec, le mot Semeion signifie « signe ». Lors de la traduction en latin de par Saint Jérôme (« Vulgate »), il a été traduit par « miraculum » ce qui donna ultérieurement en français « miracle ». Le mot « signe » doit être considéré comme équivalent de « symbole ».

Dans notre Petit catéchisme à l’usage des jeunes qui ne veulent plus être menés en bateau *, nous proposions cette interprétation… En d’autres termes, les miracles ne sont que des symboles, mais pour augmenter leurs chances d’être crus par les foules, cinquante ou soixante-dix ans après les faits, les évangélistes en ont rajouté, d’où l’abondance de gestes extraordinaires qu’ils ont prêté à leur Maître : l’aveugle qu’ils ont cru voir ne l’était que dans son coeur ! Il ne faut donc sans doute rien voir de plus dans les miracles que des signes par lesquels Jésus secouait ceux qu’il trouvait endormis. Jésus n’a fait que rappeler au pauvre homme qu’il devait « ouvrir les yeux » et retrouver l’état d’éveil, seul à permettre l’évolution spirituelle. On peut mettre dans le même cadre l’histoire du sourd auquel il a rendu l’ouïe (7, 32-37). Jésus l’a sans doute invité à se déboucher les oreilles pour mieux entendre son enseignement. D’ailleurs dans 13, 33 Jésus dit… Prenez garde, restez éveillés car vous ne savez pas quand sera le moment.
* Editions Le Phare de Misaine, 2002. Épuisé.

Les récits de miracles n’apparaissent pas que dans les évangiles canoniques. Dans les apocryphes du Nouveau Testament, ils abondent et sont la plupart du temps totalement délirants. Les Actes de Pierre, de Jean ou de Paul regorgent de faits mythiques comme un chien qui parle, un lion que Paul baptise, une martyre livrée à des taureaux que l’on a préalablement excités en leur brûlant les testicules, mais qui en réchappe miraculeusement, etc. Ces récits datent généralement des IIe et IIIe siècles, mais leurs auteurs n’avaient aucune raison de freiner leur imagination puisque les textes canoniques leur avaient montré la voie !

Nous avons donc supprimé les récits de résurrections mais conservé la plupart de ceux de guérisons, pour la raison simple que nous avons exposée, à défaut d’être avérée. Les versets épurés sont indiqués entre crochets : […].

Chapitre I - [10-11], [13], [23-28] [32-34], [40-45] mais maintien de la guérison de la belle-mère de Simon (29-31) : premier exemple d’un « miracle » que nous avons laissé. Admettons que la belle-mère de Pierre n’était pas très fiévreuse et que Jésus avait les mains fraîches ! Chapitre II - [3-12]. Chapitre III - [1-6], [11-12]. Chapitre IV - [37-41]. Chapitre V - [2-43]. Chapitre VI.- [39-44], [48-50]. Chapitre VII - [25-37]. Chapitre VIII - [1-10], [19-21]. Chapitre IX - [3-8], [17-29]. Chapitre X. Chapitre XI - Nous avons laissé volontairement l’épisode du « figuier desséché » (12-14) bien qu’il soit absurde : il est précisé que ce n’était pas l’époque des figues. Comment Jésus aurait-il pu blâmer ce pauvre figuier qui n’en pouvait rien ? Il est vraisemblable que ce passage a été ajouté au 2ème siècle, les auteurs ne s’étant pas aperçus de sa stupidité, indigne de Jésus ! Chapitre XII. Chapitre XIII - [24-27]. Chapitre XIV – à propos de (22) « Pendant le repas, il prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit, le leur donna et dit : « Prenez, ceci est mon corps *. » - Les protestants qui ne croient ni à la transsubstantiation ni à la présence réelle, aimeraient que l’auxiliaire être puisse ici être remplacé par symbolise ou représente. « En araméen biblique, le verbe être est employé de la même façon qu'en hébreu biblique. La racine est hé-waw-hé (et non pas hé-yodhé) » (cette précision nous a été apportée par Madame S. Müller-Trufaut, professeur d’hébreu à l’Institut Protestant de Théologie à Paris, en septembre 2012). Chapitre XV - [38]. Chapitre XVI – voir l’Introduction.

à suivre ...

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 00:06

Jean Marc Van HILLE - ÉVANGILE SELON MARC ÉPURÉ DE SES MYTHES ET INVRAISEMBLANCES QUI L’ENCOMBRENT DEPUIS 2000 ANS
Que celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve ; et quand il aura trouvé, il sera bouleversé, et étant bouleversé, il sera émerveillé, et il règnera sur le tout. Évangile de Thomas, logion 2

INTRODUCTION


Cet Évangile est hérétique … L’Église catholique romaine a toujours eu tendance à traduire – et à faire passer dans le langage commun - les termes grecs dans un sens qui lui était favorable. Ainsi le mot hérétique qui désignait initialement les hommes et les femmes qui, étant d’un avis différent d’elle, adhéraient à des « sectes » *, désigne, pour l’Église, celui qui est dans l’erreur, ce qui, à certaines époques, lui valait d’être remis dans les mains de la Sainte Inquisition. Rappelons que le mot vient du substantif grec aïresis qui signifie parti religieux, école, enseignement et du verbe aïreomai, choisir, préférer. A l’époque de Jésus, c’étaient les Sadducéens, les Pharisiens, les Zélotes, que nous rencontrons souvent dans les évangiles canoniques, ou les Gnostiques et les Esséniens qui n’y apparaissent pas. L’hérétique aïretikos est donc celui qui a fait un autre choix, qui s’est séparé du tronc, et en aucun cas celui qui est dans l’erreur.
* Du latin secta, règles de conduite, manière de vivre, système, école philosophique. Ce n’est que bien plus tard que le terme secte désignera tout groupement suspect d’atteinte à la santé mentale, généralement dominé par un gourou et représentant un danger.

De même le mot apocryphe - qui vient du grec apokruphos, signifie caché au regard et désigne les textes qui n’ont pas été retenus dans son « canon » - est traduit par l’Eglise catholique par faux. Il était utile de le rappeler. Citons à l’appui de ce constat ce que dit Jacques- Noël Pérès au sujet du « dépôt de la foi » : « L’Église a conscience d’être dépositaire de ce qui lui vient des apôtres, la tradition dont l’Écriture, sur laquelle elle appuie sa confession de foi. Mais ceci soulève deux problèmes :

a. le problème de l’apostolicité du canon,
a1. La canonicité est une décision de l’Église,
a2. Le fait canonique suppose une pluralité dont il a besoin pour fonctionner,
a3. Il n’y a pas de différence intrinsèque entre les écrits canoniques et apocryphes,
a4. La différence tient donc à l’insertion dans le canon. Les écrits ne sont plus lus de la même façon dès qu’ils sont mis dans le canon. Ce ne sont ni les faits ni les dits de Jésus qui sont canonisés, mais les écrits qui les racontent. Il y a dans
les évangiles canoniques des paroles attribuées à Jésus, et qui ne sont pas authentiques *.

* Pierre Geoltrain (†), ancien professeur d’exégèse à l’École Pratique des Hautes Études, estimait à 80% les paroles attribuées à Jésus dans les évangiles canoniques, qui n’avaient jamais été prononcées par lui ! La position de Frédéric Amsler dans L’Évangile inconnu, les sources des paroles de Jésus, est encore plus radicale : « Le nombre de paroles de Jésus qui ont été conservées, alors même qu’elles n’étaient plus utiles à la communauté, est sans doute aussi faible qu’est élevé le nombre de paroles de Jésus fabriquées de toutes pièces par le groupe lui-même pour offrir des solutions revêtues d’autorité à ses propres problèmes ».

b. le risque d’erreur. L’Écriture peut-elle se tromper ? Elle est rédigée par des hommes qui ont pu se tromper de bonne foi. Le risque d’erreur est néanmoins négligeable ». 

 

L’Évangile selon Marc que nous proposons ici, est dont totalement hérétique.


Pourquoi avons-nous choisi cet évangile plutôt que ceux attribués à Matthieu, Luc ou Jean ? D’abord parce que c’est celui des évangiles canoniques qui a été rédigé le premier, on ne sait par qui, vers les années 60/65 de notre ère. Ensuite parce qu’on sait que, Matthieu et Luc ayant copieusement « pompé » dans Marc, on peut en déduire que Marc était plus proche des sources initiales, dont la célèbre source Q.


Il y a dans Matthieu et Luc environ 230 faits ou paroles qui ne sont pas dans Marc. Donc ces deux évangélistes ont eu, eux aussi, recours à une ou plusieurs sources antérieures, orales ou écrites. Comme leurs évangiles ont été rédigés plus tardivement que celui de Marc, il nous a paru logique de retenir ce dernier comme base de travail. Quant à celui de Jean, il date d’environ 100/110.

Enfin – et surtout - parce qu’au chapitre 10, verset 18, Jésus déclare ouvertement qu’il n’est pas Dieu. Cette affirmation sans ambiguïté modifie considérablement le regard qu’on peut jeter sur les évangiles canoniques et donne toute liberté pour les interpréter différemment et donc supprimer tous les caractères qui faisaient de Jésus un Dieu, comme les miracles par exemple. Pourquoi m’appelles-tu bon, demande sèchement Jésus au jeune homme riche, seul Dieu est bon. On ne saurait être plus catégorique !

Ajoutons que Marc ne cite Marie que trois fois, et très discrètement. Dans 3, 31-35 il n’est question que de « sa mère », sans que le prénom soit précisé, dans 6, 3 où on désigne Jésus comme le fils de Marie, enfin dans 15, 40, au pied de la croix,
Marc cite… Marie, la mère de Jacques le Petit et de José. Si Jacques était bien le frère du condamné, il s’agit de Marie, sa mère. Nous sommes loin de l’Église qui a fait de Marie la « mère de Dieu », Theotokos, promue « co-rédemptrice » *, mais , ce qui – soit dit en passant - réduit Jésus au rôle d’associé !
* Ndlr – certains catholiques proposent ce rôle de co-rédemptrice, mais la hiérarchie n’a pas répondu à cette attente.


Dans Parole d’Évangile ? Graham Stanton écrit… Origène [v. 185- v. 253] notait aussi que les désaccords historiques étaient si graves qu’il n’y avait qu’une seule alternative : soit renoncer à établir la vérité des quatre évangiles et faire le choix d’un au hasard ; soit « admettre que la vérité de ces quatre [évangiles] ne consiste pas dans la lettre du texte ». Il prit la seconde option et chercha les vérités profondes enfouies derrière la lettre du texte.

C’est ce qu’a fait Tatien vers 180, ascète « encratique », élève de Saint Justin Martyr, avec son Diatessaron, « Quatre en un », synthèse des quatre évangiles canoniques. Il a refusé tout ce qui était étranger au christianisme, dont la vie sociale, rejetant les philosophes païens qu’il considérait comme absurdes et illusoires. Le texte a disparu.

à suivre ...

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 11:30

par Louis Cornu, note publiée dans les "Libres propos" de la Correspondance unitarienne du mois de février 2012, n° 112.


engrenage-logique.jpgPour aborder l’histoire de Jésus dans un esprit scientifique, aussi rigoureux que possible, il faut examiner les pièces du dossier – essentiellement les quatre évangiles – sans le moindre conditionnement idéologique (théologique), dans une attitude critique parfaitement agnostique. Il faut adopter la démarche d’un juge d’instruction, d’un enquêteur policier, qui examine toutes les dispositions présentes dans son dossier, sans parti pris – à charge et à décharge – alors même que ces dépositions se contredisent entre elles, sont incomplètes, partiales et même parfois intentionnellement inexactes. Comme le juge d’instruction d’un tel dossier, l’historien de Jésus ne doit pas renoncer, mais il doit se persuader que la vérité historique peut être atteinte en tout, au moins approchée avec une bonne plausibilité.


Dans l’affaire « Naissance du christianisme », le dossier « Jésus » peut être abordé comme l’est, de nos jours, le « dossier Un tel » dans une affaire criminelle embrouillée, examinée par des enquêteurs de police judiciaire. Dans les deux cas, les dossiers contiennent des témoignages écrits, après avoir été recueillis auprès de témoins contemporains, qui peuvent même avoir été des acteurs. Dans une affaire criminelle, ces témoignages sont des dépositions ou des comptes-rendus d’interrogatoire ; dans l’affaire Jésus, ce sont essentiellement les quatre évangiles. Dans les deux cas, c’est à partir de ces témoignages qu’une vérité historique est accessible.


Chaque témoignage forme le plus souvent un récit constitué d’un certain nombre d’éléments. Lorsqu’on examine l’un de ces témoignages écrits, l’enquêteur sait pertinemment qu’il n’a pas l’objectivité d’un constat d’huissier … et que l’un ou l’autre de ces éléments peut être totalement fictif ; que l’un ou l’autre encore peut présenter une déformation de la réalité, soit du fait du témoin, soit du fait du rédacteur de la déposition.


En recherche historienne, il n’y a guère de cas où l’enquêteur ne soit dans l’obligation d’avoir à établir une vérité objective, à partir de pièces aussi imparfaites. C’est l’objectif auquel il ne renonce pas et son approche historienne du dossier le conduit à faire une proposition cohérente qui mettra en relief les éléments certains (ou assez sûrs), signalera les éléments douteux et rejettera les éléments incohérents.


Mais même les dépositions partiales ou incomplètes, comportant des éléments fictifs ou douteux, peuvent, malgré cela, correspondre partiellement à la vérité objective. Très souvent, la vérité apparaît bien que, pour l’établir, on n’ait disposé que de documents – des dépositions – partiellement inexacts ou relativement déformants ou encore lacunaires.


L’attitude qui consisterait à rejeter totalement une déposition sous prétexte qu’elle est en partie fictive ou déformée ne relèverait pas d’une démarche scientifique en Histoire. On ne devrait pas affirmer a priori que le personnage de Jésus n’est qu’un mythe fondé essentiellement sur quatre évangiles qui ne seraient, tous, que des fictions littéraires sous le prétexte que, tous, contiennent certains éléments fictifs ou déformés.

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 19:45

Témoins de JéhovahAyant traduit eux-mêmes la Bible, Saintes Écritures - Traduction du monde nouveau, publiées en 1974 (MN) avec version en français en 1995, les témoins de Jéhovah utilisent tout naturellement leur version "officielle". Mais, dans leurs publications, ils font aussi référence à bien d'autres traductions au moyen du code ci-dessous.


AC - La Sainte Bible (1905), A. Crampon.
AG - La Sainte Bible (1947), A. Glaire.
AS - American Standard Version (1901), American Revision Committee.
AT -The Bible - An American Translation (1935), J. Smith et Edgar Goodspeed.
BFC  - La Bible en français courant (1983), C. Dieterlé, P. Sandevoir, J.-M. Babut, J.-C. Margot.
Ce - La Bible du Centenaire (1928-1947), Société Biblique de Paris.
Ch - La Bible (Paris, 1974-1976), André Chouraqui.
CT - La Sainte Bible (1960), A. Crampon, édition révisée avec traduction nouvelle du Nouveau Testament par A. Tricot.
Da - La Sainte Bible (1978), J. N. Darby.
De - Le Nouveau Testament (1903), A. Decoppet.
Dh - La Bible (1956), Ancien Testament publié sous la direction d’Édouard Dhorme.
Dy - Challoner-Douay Version (1750), version catholique.
ED - The Emphatic Diaglott (1864), Benjamin Wilson.
Fa - Le Livre, Nouveau Testament (1980), éditions Farel.
Fi  - La Sainte Bible (1899), version de Saci retouchée, L.-C. Fillion.
GL - La Bible (1971), Nouveau Testament, J. Grosjean et M. Léturmy.
Int  - The Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures (1969).
  - La Sainte Bible (1978), École biblique de Jérusalem.
KJ  - King James Version (1611).
Ku  - La Bible (Nouveau Testament ; Job à Cantique des cantiques) (1976-1982), transcription pour notre temps, A. Kuen.
Kx  - The Holy Bible (1954), Ronald Knox.
Li  - La Sainte Bible (1956), publiée sous la direction du cardinal Liénart.
Ma  - La Sainte Bible (1879), D. Martin.
Md  - La Sainte Bible (1963), moines de Maredsous.
NW  - New World Translation of the Holy Scriptures, édition de 1984.
Od  -  La Sainte Bible (1900), J. F. Ostervald.
Os  -  La Bible (1973), E. Osty.
PB  -  La Bible (1981), Pierre de Beaumont.
PC  -  La Sainte Bible (1953), publiée sous la direction de L. Pirot et A. Clamert.
RS  - Revised Standard Version (1971).
Sa  - La Sainte Bible (1841), Le Maistre de Saci.
Sg  - La Sainte Bible (1978), nouvelle version Segond révisée.
SO  - La Sainte Bible (1908), L. Segond et H. Oltramare.
Sy  -  La Sainte Bible (1965), version synodale.
TOB  - Traduction Œcuménique de la Bible (1978).
TOL  - Traduction officielle de la liturgie (1976).
VB  - Votre Bible (1972), F. Amiot, C. Augrain, L. Neveu, D. Sesboüé, R. Tamisier.
ZK  - La Bible (1978), Rabbinat français sous la direction de Zadoc Kahn.

SIGLES ET ABRÉVIATIONS : Pour fournir certains renseignements concernant le texte, dans les notes en bas de page il a été nécessaire de faire référence à de nombreux manuscrits et papyrus, codex, éditions imprimées et autres publications récentes faisant autorité. Le lecteur trouvera ci-dessous la liste des principaux sigles et abréviations utilisés dans les notes.

א (ʼAlèph) Codex Sinaiticus (Londres), IVe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb., Écr. gr.]
Δ    Codex Sangallensis, 48 (Saint-Gall), Ve s. de n. è. - [Ms. gr., Évangiles.]
Θ   Évangiles de Koridethi, n. A. 993 (Tbilissi), env. IXe s. de n. è. (éd. : Die Koridethi Evangelien Θ 038 herausgegeben, par G. Beermann, C. Gregory. - Leipzig 1913). - [Ms. gr.]
A   Codex Alexandrinus (Londres), Ve s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb., Écr. gr.]
Al   Codex d’Alep (Jérusalem), env. 930 de n. è. - [Ms. héb., Écr. héb.]
Aq   Version grecque d’Aquila (Cambridge), IIe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb.]
Arm  Version arménienne, Ve s. de n. è. - [Ms. arm., Écr. héb., Écr. gr.]
B  Codex Vaticanus, ms. 1209 (Rome), IVe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb., Écr. gr.]
Bauer   A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, par W. Bauer, W. Arndt, F. Gingrich. - Chicago 1979.
BDB  A Hebrew and English Lexicon of the Old Testament, par F. Brown, S. Driver, C. Briggs. — Oxford 1951.
BHK  תורה נביאים וכתוב, Biblia Hebraica, par R. Kittel. - Stuttgart 1951-1955.
BHS תורה נביאים וכתובים, Biblia Hebraica Stuttgartensia, par K. Elliger, W. Rudolph. — Stuttgart 1967-1977.
C Codex Ephræmi Syri rescriptus, ms. gr. 9 (Paris), Ve s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb., Écr. gr.]
Ca  Codex du Caire (Le Caire), 895 de n. è. - [Ms. héb., Écr. héb.]
D  Codex de Bèze, Nn. II. 41 (Cambridge), Ve et VIe s. de n. è. - [Ms. gr. et lat., Écr. gr.]
DHAB Dictionnaire d’Hébreu et d’Araméen Bibliques, par P. Reymond. — Paris 1991.
E Codex Basileensis, A. N. III. 12 (Bâle), VIIIe s. de n. è. - [Ms. gr., Évangiles.]
Gins. תורה נביאים וכתובים, The Old Testament, Massoretico-Critical Text of the Hebrew Bible, par C. Ginsburg. -London 1926.
Gins.Int  Introduction to the Massoretico-Critical Edition of the Hebrew Bible, par C. Ginsburg. - London 1896.
Gins.Mas  The Massorah, par C. Ginsburg. — London 1897-1905.
GK  Gesenius’ Hebrew Grammar, par E. Kautzsch, A. Cowley. — Oxford 1910.
Int The Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures, par Watchtower Bible and Tract Society. — New York 1985.
Int-69  The Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures, par Watchtower Bible and Tract Society. - New York 1969.
it  Étude perspicace des Écritures, par Watchtower Bible and Tract Society. - [À paraître.]
It  Version vieille Latine ou Itala, IIe au IVe s. de n. è. (éd. : Bibliorum sacrorum latinæ versiones antiquæ, seu vetus italica, par P. Sabatier. - Reims 1739-1742). - [Ms. lat., Écr. héb., Écr. gr.]
Itlg Codex gothicus Legionensis (Léon), VIIe s. de n. è. - [Ms. lat., Écr. héb.]
Itms c  Codex Colbertinus, ms. lat. 254 (Paris), XIIe ou XIIIe s. de n. è. - [Ms. lat., Écr. gr.]
Itms l  Codex Rehdigeranus, ms. R 169 (Bratislava), VIIIe s. de n. è. - [Ms. lat., Écr. gr.]
J1 Evangelivm Matthæi ex Hebræo fideli, par J. Mercier. - Paris 1555. - [Ms. héb. et lat., Matthieu.]
J2  ʼEven bochan [“ Pierre éprouvée ”], par Shem-Tob ben Isaac Ibn Shaprut (New York), XVIe-XVIIe s. (éd. : The Gospel of Matthew According to a Primitive Hebrew Text, par G. Howard. - Macon, Georgia 1987). - [Ms. héb., Matthieu en annexe.]
J3  תורת המשיח, Evangelivm secvndvm Matthævm in lingva hebraica, cum uersione latina, par S. Münster. - Bâle 1537. - [Ms. héb. et lat., Matthieu.]
  תורת המשיח, Evangelivm secvndvm Matthævm in lingva hebraica (...) Vna cum Epistola D. Pauli ad Hebræos, Hebraicè & Latinè, par S. Münster. - Bâle 1557. - [Ms. héb. et lat., Matthieu et Hébreux.]
J4  כפי מתי המבשר (...) תורת המשיח, Sanctvm Domini Nostri Iesu Christi Hebraicum Euangelium secundum Matthæum, par J. Cinquarbres. - Paris 1551. - [Ms. héb. et lat., Matthieu.]
J5  בשורת הקרואות שנה בשנה בשבתות ובחגי, Evangelia anniversaria, qvae dominicis diebus & in Sanctorum festis leguntur, par F. Petri. - Anvers 1581. - [Ms. héb. et lat., Évangiles.]
J6 Euangelia anniversaria dierum dominicorum et praecipuorum festorum, vna cum perioche et summaria singulorum expositione erudita ; Germanicè, Latinè, Graecè, & Ebraicè, par J. Clajus. - Leipzig 1576. [Ms. héb. et lat., Évangiles.]
J7 Novvm Testamentvm Dni : Nri : Iesv. Christi, Syriacè, Ebraicè, Græcè, Latinè, Germanicè, Bohemicè, Italicè, Hispanicè, Gallicè, Anglicè, Danicè, Polonicè, par E. Hutter. - Nuremberg 1599. - [Ms. héb. et 11 autres langues, Écr. gr.]
J8  תורת יהוה חדשה, Lex Dei summi nova ; atque haec est, Novum Domini nostri Jesu Christi Testamentum sacro-sanctum, par W. Robertson. - Londres 1661. - [Ms. héb. et lat., Écr. gr.]
J9  ארבעה אבני הגיליונים מהתורה החדשה, Qvatvor Evangelia Novi Testamenti Ex Latino in Hebraicum, par G. Jona. - Rome 1668. - [Ms. héb. et lat., Écr. gr.]
J10 The New Testament (...) in Hebrew and English, par R. Caddick. - London 1798-1805. - [Vol. I-III : Matthieu à 1 Corinthiens.]
J11  ברית חדשה על פי משיח, par T. Fry et al. - Londres 1817. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J12 ספר הברית החדשה, The Testament of Our Lord and Saviour Jesus Christ, par W. Greenfield. - London 1831. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J13 ברית חדשה על פי המשיח, par A. McCaul et al. - Londres 1838. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J14 ספר ברית חדשה על פי המשיח, par J. Reichardt. - Londres 1846. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J15 Kommentarreihe zu den Büchern Lukas, par J. Biesenthal. - Berlin 1855. - [Ms. héb., Luc.].
Kommentarreihe zu den Büchern Apostelgeschichte, par J. Biesenthal. - Berlin 1867. - [Ms. héb., Actes.]
Kommentarreihe zu den Büchern Römer, par J. Biesenthal. - Berlin 1853. - [Ms. héb., Romains.]
Kommentarreihe zu den Büchern Hebräer, par J. Biesenthal. - Berlin 1858. - [Ms. héb., Hébreux.]
J16 הברית החדשה על פי המשיח עם נקודות וטעמים, par J. Reichardt, J. Biesenthal. — Londres 1866. — [Ms. héb., Écr. gr.]
J17  ספרי הברית החדשה, par F. Delitzsch. — Londres 1981. — [Ms. héb., Écr. gr.]
J18  הברית החדשה, par I. Salkinson, C. Ginsburg. - Londres 1891. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J19  הבשורה הטובה על־פי יוחנן, par M. Ben Maeir. - Denver 1957. - [Ms. héb., Jean.]
J20 A Concordance to the Greek Testament, par W. Moulton, A. Geden, H. Moulton. - Edinburgh 1978.
J21 The Emphatic Diaglott, par B. Wilson. — New York 1942.
J22  ספרי הברית החדשה, par United Bible Societies. - Jérusalem 1979. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J23  הברית החדשה, par J. Bauchet, D. Kinnereth. - Rome 1975. - [Ms. héb., Écr. gr.]
J24  A Literal Translation of the New Testament (...) From the Text of the Vatican Manuscript, par H. Heinfetter. - London 1863.
J25 St. Paul’s Epistle to the Romans, par W. Rutherford. — London 1900.
J26 Psalterivm Hebraicvm, par A. Margaritha. - Leipzig 1533. - [Ms. héb., Psaumes et Matthieu 1:1 à 3:6.]
J27 Die Heilige Schrift des neuen Testaments, par D. von Brentano. - Bregenz 1790.
J28  The New Covenant Commonly Called The New Testament - Peshitta Aramaic Text With a Hebrew Translation, par The Bible Society. - Jérusalem 1986.
JTS The Journal of Theological Studies. - Oxford.
KB Lexicon in Veteris Testamenti Libros, par L. Koehler, W. Baumgartner. - Leiden 1958.
KB3 Hebräisches und Aramäisches Lexikon zum Alten Testament, par L. Koehler, W. Baumgartner. - Leiden 1967-1990.
L  Codex de Leningrad B 19A (Saint-Pétersbourg), 1008 de n. è. - [Ms. héb., Écr. héb.]
LSJ A Greek-English Lexicon, par H. Liddell, R. Scott, H. Jones. - Oxford 1968.
Luther, 1534  Biblia / das ist / die gantze Heilige Schrifft Deudsch, par M. Luther. - Wittenberg 1534.
LXX   Version grecque des Septante, IIIe-IIe s. av. n. è. (éd. : Septuaginta Id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX interpretes, par A. Rahlfs. — Stuttgart 1935). — [Ms. gr., Écr. héb.]
LXXא  Voir א.
LXXA  Voir A.
LXXB  Voir B.
LXXBagster  Version grecque des Septante (éd. : The Septuagint with Apocrypha : Greek and English, par L. Brenton. - London 1851). - [Ms. gr., Écr. héb.]
LXXLagarde  Version grecque des Septante (éd. : Librorum Veteris Testamenti Canonicorum pars prior graece, par P. de Lagarde. - Göttingen 1883). - [Ms. gr., Écr. héb.]
LXXLucien  Version grecque des Septante, recension de Lucien d’Antioche, IVe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb.]
LXXThomson  Version grecque des Septante, par C. Thomson. - London 1904. — [Ms. gr., Écr. héb.]
M  Le texte massorétique du codex Leningrad B 19A. Voir L, BHK, BHS.
MN Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, par Watch Tower Bible and Tract Society. — Selters 1995, éd. révisée.
N  Codex Purpureus (Saint-Pétersbourg), VIe s. de n. è. (éd. : Codex Purpureus Petropolitanus ; The text of codex N of the Gospels edited with an introduction and an appendix, par H. Cronin. - Cambridge 1899). - [Ms. gr., Évangiles.] Nestle-Aland  Novum Testamentum Graece, par E. Nestle et al. - Stuttgart 1979. - [Ms. gr., Écr. gr.]
P45 Papyrus Chester Beatty I (Dublin), IIIe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. gr.]
P46 Papyrus Chester Beatty II (Ann Arbor), env. 200 de n. è. - [Ms. gr., Écr. gr.]
P47 Papyrus Chester Beatty III (Dublin), IIIe s. de n. è. - [Ms. gr., Écr. gr.]
P66  Papyrus Bodmer II, env. 200 de n. è. (éd. : Papyrus Bodmer II, Supplément, Évangile de Jean, chap. 14-21, par V. Martin, J. Barns. - Genève 1962). - [Ms. gr., Jean.]
P74 Papyrus Bodmer XVII, VIIe s. de n. è. (éd. : Papyrus Bodmer XVII, Actes des Apôtres, Épîtres de Jacques, Pierre, Jean et Jude, par R. Kasser. - Genève 1961). - [Ms. gr., Écr. gr.]
P75 Papyrus Bodmer XIV-XV, env. 200 de n. è. (éd. : Papyrus Bodmer XIV, Évangile de Luc, par V. Martin, R. Kasser. - Genève 1961 ;  Papyrus Bodmer XV, Évangile de Jean, par V. Martin, R. Kasser. - Genève 1961). - [Mss gr., Luc, Jean.]
1QIsa  Le Rouleau d’Isaïe de la mer Morte (Jérusalem), IIe s. av. n. è. (éd. : The Dead Sea Scrolls of St. Mark’s Monastery, par M. Burrows. - New Haven 1950). - [Ms. héb., Isaïe.]
RB  Revue biblique. - Paris.
Sam  Pentateuque samaritain, IVe s. av. n. è. (éd. : Biblia Polyglotta, par B. Walton. - Londres 1657 ; Der Hebräische Pentateuch der Samaritaner, par A. von Gall. - Giessen 1918).
si   “ Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile ”, par Watchtower Bible and Tract Society. -  [à paraître.]
ST  Dictionnaire hébreu-français, par N. Sander, I. Trenel. - Genève 1979.
Sy, Syp  Peshitta, Ve s. de n. è. (éd. : [Graphisme - Texte syriaque estranghelo], par S. Lee. - Londres 1826). - [Ms. syr., Écr. héb.]
Syc  Version syriaque Cureton, Ve s. de n. è. (éd. : Evangelion da-Mepharreshe - The Curetonian Version of the Four Gospels, par F. Burkitt. - Cambridge 1904. - Vol. 1).
Syh Version philoxénienne, VIe-VIIe s. de n. è. (éd. : Sacrorum Evangeliorum versio syriaca Philoxeniana, par J. White. - Oxford 1778. — T. 1). - [Ms. syr., Écr. gr.]
Version harkléenne, VIe-VIIe s. de n. è. (éd. : Actuum Apostolorum et Epistolarum tam Catholicarum quam Paulinarum versio Syriaca Philoxeniana cum interpretatione et annotationibus, par J. White. - Oxford 1799-1803. - T. 2). - [Ms. syr., Écr. gr.]
SyHexaplaire  Version syrohexaplaire (Londres), VIIe s. de n. è. - [Ms. syr., Écr. héb.]
Syhi  Version syro-palestinienne (ou Hierosolymitanum), VIe s. de n. è. (éd. : [Graphisme - Texte syro-palestinien], The Palestinian Syriac Lectionary of the Gospels, par A. Lewis, M. Gibson. - London 1899). — [Ms. vieux syr., Écr. gr.]
Sys  Version syriaque sinaïtique, IVe et Ve s. de n. è. (éd. : The Old Syriac Gospels or Evangelion da-Mepharreshê, par A. Lewis. - London 1910). - [Ms. syr., Évangiles.]
Sym  Version grecque de Symmaque, env. 200 de n. è. - [Ms. gr., Écr. héb.]
T Targoums (éd. : The Bible in Aramaic, par A. Sperber. - Leiden 1959-1973). - [Paraphrases aram. de parties des Écr. héb.]
TJ Targoum Jonathan (éd. : The Bible in Aramaic, par A. Sperber. — Leiden 1959-1962).  - [Ms. aram., Écr. héb.]
Targoum Jérusalem I (ou pseudo-Jonathan) (éd. : Pseudo-Jonathan, par M. Ginsburger. - Berlin 1903). - [Ms. aram., Écr. héb.]
Targoum Jérusalem II (ou fragmentaire) (éd. : Das Fragmententhargum, par M. Ginsburger. - Berlin 1899). - [Ms. aram., Écr. héb.]
TLagarde Targoum (éd. : Prophetae Chaldaice, par P. de Lagarde. - Leipzig 1872). — [Ms. aram., Écr. héb.]
TO  Targoum d’Onkelos (ou babylonien) (éd. : The Bible in Aramaic, par A. Sperber. - Leiden 1959). - [Ms. aram., Pentateuque.]
TP Targoum palestinien (éd. : Masoreten des Westens II, par P. Kahle. - Stuttgart 1930). - [Ms. aram., Pentateuque.]
TDNTTheological Dictionary of the New Testament, par G. Kittel, G. Friedrich. - Grand Rapids 1964-1976.
TDOTTheological Dictionary of the Old Testament, par G. Botterweck, H. Ringgren. - Grand Rapids 1974
Th  Version grecque de Théodotion, IIe s. de n. è.  [Ms. gr., Écr. héb.]

TR ***  Nouum IESV Christi D.N. Testamentum, par R. Estienne. - Paris 1550. - [Ms. lat., Écr. gr. ; Texte reçu.]
UBSThe Greek New Testament, par K. Aland et al. — Stuttgart 1983.
Vg  Vulgate, par Jérôme, env. 400 de n. è. (éd. : Biblia Sacra iuxta Vulgatam Versionem, par R. Weber. — Stuttgart 1983).
Vgc Vulgate clémentine, Rome 1592 (éd. : Biblia Sacra iuxta Vulgatam Clementinam, par A. Colunga, L. Turrado. - Madrid 1977).
Vgs Vulgate sixtine. - Rome 1590.
Vgww Nouum Testamentum Latine secundum editionem Sancti Hieronymi ad Codicum Manuscriptorum Fidem, par J. Wordsworth, H. White. - London 1985.
VT Vetus Testamentum. - Leiden.
W  Codex de Washington (Washington), Ve s. de n. è. - [Ms. gr., Évangiles.]
WH The New Testament in the Original Greek, par B. Westcott, F. Hort. - London 1881. - [Réimprimé dans Int.]
X  Codex Monacyensis, Ms. fol. 30 (Munich), IXe ou Xe s. de n. è. - [Ms. gr., Évangiles.]
Zorellgr  Lexicon Graecum Novi Testamenti, par F. Zorell. - Paris 1961.
Zorellhéb  Lexicon Hebraicum et Aramaicum Veteris Testamenti, par F. Zorell.- Rome 1954.
*  Leçon de l’auteur (première main) d’un ms. gr.
Leçon d’un correcteur d’un ms. gr.

 

ndlr - Nous remercions Fabien Girard (témoin de Jéhovah, Chinon) de nous avoir transmis ce document.

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 08:26

L’égalité avec Dieu en Philippiens 2.6 ; Forme de Dieu = Égalité avec Dieu, par Didier FONTAINE, Paris : L'Harmattan, 176 pages, 16.50 € -


didier_fontaine_philippiens.jpgJésus est-il l’égal de Dieu ? Le texte de Philippiens 2.6 déclare au sujet du Christ : lequel, existant en forme de Dieu, n’a pas considéré l’égalité avec Dieu comme... Comme quoi ?
Les spécialistes sont divisés sur le sens du mot qui suit, voire de l’expression entière où il se trouve. Certains traduisent par « un avantage dont se prévaloir » - donc Jésus possédait l’égalité avec Dieu et n’en a pas profité lors de l’Incarnation. D’autres, serrant le texte de plus près, traduisent par « une proie à saisir » - donc Jésus ne possédait pas l’égalité avec Dieu et n’a pas tenté de la dérober, comme Satan par exemple, ou encore Adam.
Le problème vient du fait que le mot en question (harpagmon) ne figure nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament, et que son emploi dans la littérature grecque n’est pas très probant. Pour sortir de l’impasse, certains philologues ont suggéré qu’il s’agissait d’une tournure particulière, d’un idiome du grec à ne surtout pas traduire littéralement. Ils ont posé comme préalable indispensable le fait que « être dans la forme de Dieu » signifie la même chose que « être égal à Dieu »
Mais est-ce vraiment le cas ? être dans la forme de Dieu = être à égalité avec Dieu ?
Pour le savoir, la présente étude analyse, du point de vue sémantique et syntaxique, chacune des expressions des expressions du verset, avant de mettre en question la « solution » traditionnelle


Didier Fontaine est diplômé de Lettres classiques (Université Jean Monnet, Saint-Etienne) et certifié de Langues bibliques (Faculté de théologie catholique, Toulouse). Il a publié Le nom divin dans le Nouveau Testament en 2007 (L’Harmattan), traduit en italien (édition revue et augmentée, Azzura7, 2009).


L'ouvrage est disponible auprès de l'éditeur (lien) et sur le site de l'auteur (lien) où des informations plus techniques sont données et où Google donne le sommaire et les premières pages.

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 15:03

"Un hymne du christianisme primitif à Iéshoua' cité par Paul (Ph 2,6-11)", par Jean-Claude Barbier, publié dans Approches unitariennes, n° 49, printemps 2002


La Lettre aux Philippiens est datée vers 57 ou encore vers 62 (selon la Bible de Jérusalem). Par son contenu et son style, elle est considérée comme effectivement paulinienne. Rien ne nous permet de mettre en doute son entrée : "Paulos et Timotheos, les serviteurs du messie Iéshoua', à tous les hommes consacrés qui sont à Philippes, dans le messie Iéshoua', à leurs préposés et à leurs assistants, grâce à vous et paix venant d'Elohîm, notre père, et de l'Adôn Iéshoua', le messie" (1,1).


Paul s'adresse à Dieu et à Iéshoua d'une façon différente : élevé après sa Passion au-dessus de toutes les nations, conformément à la prophétie du Serviteur souffrant, le messie est dorénavant à "la droite du Père" – de nature humaine glorifiée par la résurrection, dorénavant avec le Père, mais sans s'y confondre, dans le Royaume promis. Or, dans l'épître aux Philippiens, un passage détonne par rapport à cette façon paulinienne de distinguer l'adoration de Dieu et celle de Iéshoua. Il s'agit du chapitre 2, verset 6 à 11, où se profile une affirmation  pré-trinitaire puisque Iéshoua' serait Dieu. La traduction d'André Chouraqui donne le texte suivant pour le verset 2,6 "lui (le messie Iéshoua), qui subsistant en forme d'Elohîm, n'a pas estimé [comme] un butin le fait d'être égal à Elohîm".. Le reste du passage est tout à fait conforme à la christologie paulinienne : "afin que toute langue atteste que l'Adôn est Iéshoua', le messie pour la gloire d'Elohîm, le père" (2,11).


Bible de Jérusalem (revue et corrigée, 1998) / Bible de Chouraqui (1982-1985)
6 - Lui qui est de condition divine n'a pas revendiqué son droit d'être traité comme l'égal de Dieu/ / lui, qui subsistant en forme d'Elohîm n'a pas estimé un butin le fait d'être égal à Elohîm
7 - mais il s'est dépouillé prenant la condition d'esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme / mais il s'est vidé lui-même, pour prendre forme d'esclave, devenant la réplique des hommes, et, par l'aspect, trouvé comme un homme.
8 – il s'est abaissé devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix / .Il s'est humilié lui-même, devenant soumis jusqu'à la mort, et même à la mort de la croix.
9 – C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom / C'est pourquoi Elohîm l'a surexalté et gratifié du nom au-dessus de tout nom,
10 - afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre / pour qu'au nom de Iéshoua' tout genoux plie, dans les ciels, sur la terre et sous la glèbe,
11 - et que toute langue proclame que le SEIGNEUR c'est Jésus Christ à la gloire de Dieu le Père. / afin que toute langue atteste que l'Adôn est Iéshoua', le messie, pour la gloire d'Elohîm, le père.

 
Il s'agit en fait, non d'un texte de Paul, mais d'une citation. On y voit volontiers – nous dit la Bible de Jérusalem – un hymne chrétien ancien. Iéshoua déjà divinisé au milieu du 1er siècle ! Avant que les théologiens ne s'emparent de la soit disant nature divine du Messie, la dévotion populaire allait sans doute déjà bon train, bien au-delà du Jésus historique, s'accompagnant très (trop) souvent de surenchères ! On sait que, peu soucieuse de précision, elle adopte le langage fusionnel des ferveurs. Mais on doit cependant reconnaître le caractère travaillé du passage cité – pas si populaire que cela ! - ; et le fait qu'il soit reçu par Paul, dont on connaît la grande rigueur de vocabulaire, incite à en faire une exégèse pointue.


La Bible de Jérusalem (1956) précise en note "Littéralement, 'Lui qui se trouvait dans la forme de Dieu', où le mot forme désigne les attributs essentiels qui manifestent en dehors la "nature" : le Christ, étant Dieu, en avait de droit toutes les prérogatives". La Bible de Chouraqui (1985) fait preuve de plus de prudence dans sa note explicative : "Ce poème à la gloire de Iéshoua' revêt une importance théologique essentielle … Egal à Elohîm voir Jn 5,18 . Le mot grec isos a été diversement interprété par les théologiens. Ceux-ci relient l'idée qu'il exprime à l'affirmation de la Genèse selon laquelle l'homme a été créé à la réplique d'Elohîm (Gn 1,27). Pour éclairer le sens de ce terme, notons que dans les LXX [Septantes] isos traduit des mots hébreux différents, qui peuvent signifier : être un, être associé à, être à la réplique de, dans la fraternité de, dans la plénitude de, à l'exemple de, en forme de, adéquat à. Toutes ces significations doivent être retenues pour une exégèse complète de ces versets fondamentaux de toute théologie chrétienne".


André Gounelle, dont nous avons sollicité l'avis sur ce passage , considère que "les exégètes 'traditionnels' ont beaucoup tordu ce texte pour y trouver les doctrines orthodoxes des deux natures et de la Trinité". Pour lui, bien que "ce texte témoigne d'une christologie "haute" qui donne une grande importance au Christ", il ne faut pas lui faire dire plus qu'il ne dit : "Dit-il [ce texte] que Christ est - ou était - Dieu avant son incarnation ? Je ne le pense pas : il n'est pas divin, il est "en morphé théou", mot à mot "dans la forme" qui désigne la ressemblance; il n'est pas l'égal de Dieu, puisqu'on le loue de n'avoir pas considéré cette égalité comme une "proie à arracher" (preuve qu'il ne la possédait pas). Pour moi, ce texte se réfère au début de la Genèse : le "morphé théou" évoque l'image de Dieu (Dieu crée Adam à son image et à sa ressemblance) ; et "proie à arracher d'être l'égal de Dieu" renvoie à la parole du serpent tentateur : "vous serez comme des dieux". Si ma lecture est bonne, Jésus serait ainsi le nouvel Adam (l'homme véritable) : image de Dieu, comme le premier, mais en s'en distinguant en ce qu'il résiste à la tentation d'être comme un Dieu. Dans ce texte, ce qui légitime la piété, la dévotion envers Jésus, c'est qu'il refuse de se faire Dieu - et que lorsqu'on le nomme seigneur (v. 11), ce n'est pas à sa gloire, mais à la gloire du Père".


Par ailleurs, A. Gounelle prend soin de distinguer les expressions ternaires : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, de la Trinité proprement dite : "Au sens strict, la Trinité est la doctrine qui dit que Dieu est une substance ou une essence en trois personnes, le Père, le Fils, et l'Esprit. Il n'est question, dans ce texte, ni de substance ni d'essence, ni de personnes, ni de l'Esprit et je conteste qu'il soit trinitaire (de même la formule ternaire "le Père, le Fils et l'Esprit" de la finale de Matthieu  n'est pas trinitaire - elle ne parle pas d'un Dieu en trois personnes - mais ternaire)". Je retiens pour ma part cette affirmation ternaire du milieu du Ier siècle et, en plus, le frémissement, au niveau d'un piétisme, d'une tendance à diviniser le Messie qui s'épanouira plus tard dans le dogme trinitaire.


Alors pourquoi Paul a-t-il repris à son compte l'expression d'un hymne qui dépassait manifestement sa pensée habituelle concernant le messie Iéshoua' ? Faut-il cependant tirer des conséquences théologiques d'un texte isolé ? Le fondamentalisme qui pioche des versets ici et là pour monter un argumentaire n'est plus de mise dans les milieux scientifiques. L'analyse d'une pensée s'appuie sur des répétitions, sur des convergences, sur une évolution des thèmes traités, etc. Les formulations dogmatiques se sont trop acharnées sur certains passages, en voulant leur faire dire une préfiguration des vérités d'Eglise. Le texte que nous venons de citer est ainsi fréquemment utilisé comme un argument polémique par les chrétiens qui défendent le dogme trinitaire. Que les dogmatiques aient le courage de leurs opinions et ne s'abritent plus derrière les Ecritures ! Nous savons que Ièshoua de Nazareth, lui, ne faisait pas partie des dogmatiques de son époque. Il en fut même la victime.


Jesus-smiling.pngPar ailleurs, je pense qu'aujourd'hui l'unitarisme n'est pas obligé de relancer des considérations métaphysiques sur la nature du Christ. Les chrétiens en ont trop soufferts. Nous ne sommes plus au temps des guerres de religion. Il suffit de savoir que le Christ est au milieu de nous lorsque nous sommes réunis en son nom, tout simplement. Par contre, l'unitarisme peut répondre à tous ceux que les dogmes empêchent de croire ; je pense notamment aux jeunes qui n'ont pas eu la culture confessionnelle que nous avons pu avoir.

 

Jésus "smilling" (souriant) : une représentation plutôt rare dans l'iconographie chrétienne ! Sans doute en provenance des témoins de Jéhovah ou bien inspirée d'eux.

 

L'adhésion à la personne de Ièshoua' et notre foi en un Dieu créateur devraient-ils dépendre de systèmes de croyances ? J'adhère à Ièshoua' non pas pour ses idées ou sa théologie, mais pour sa façon d'être, son amour des autres, sa spiritualité. Pour admirer la Création et rendre grâce à Dieu en toute chose, je n'ai nullement besoin des théologiens, ni de mystères ! L'unitarisme consiste entre autres à se dépouiller de vêtements encombrants, non essentiels … mais si quelqu'un aime les vêtements et veut s'en parer qu'il le fasse pour lui-même sans en encombrer les autres ! Hormis certains théologiens dont nous n'apprécions guère les élucubrations par trop abstraites, nous ne sommes en guerre contre personne !


En relisant les Evangiles et en considérant Ièshoua' comme un simple humain, on en découvre que mieux la profondeur de ses gestes et paroles. Par exemple sa rencontre avec la Samaritaine. Est-ce parce qu'il est Dieu incarné qu'il connaît d'avance le drame intime de cette femme rencontrée, ou bien est-ce parce que son regard est un regard d'amour, qui comprend l'autre sans que celui-ci ait besoin de s'exprimer ? Un regard insistant, à la fois tendre et exigeant, avide de vérité pour que l'autre avance vers Dieu.

 

messages du 14 avril 2011 au forum des unitariens francophones, lien

 

« Paul marque toujours une différence entre Dieu et Jésus (comme dans d'autres épîtres il évoque "le Dieu de Jésus-Christ", ou "Dieu qui a ressuscité Jésus-Christ" » (Laurens Trobat, protestant libéral et unitarien, Pau)
« Il s'agit d'un hymne christique que Paul reprend dans son épître ; donc une littérature populaire qui déjà héroïse / divinise Jésus avec un langage poétique et fleuri ! Paul, quant à lui, fait toujours la distinction entre IHVH / El / Elohim d'une part et Notre seigneur / adôn Jésus, d'autre part » (Jean-Claude Barbier, chrétien unitarien, Bordeaux).

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 12:11

Temoins-de-Jehovah.jpgAvec la Traduction du Nouveau Monde (TMN) et leurs autres publications, les témoins de Jéhovah font partie des exégètes bibliques dont il faut prendre les travaux en considération, indépendamment de l'opinion qu'on peut avoir sur leur mouvement.

 

Voici leur traduction de l'Epître aux Philippiens, 2, 5-11

5 - Gardez en vous cette attitude mentale qui était aussi en Christ Jésus, 6 - lequel, bien que se trouvant dans la forme de Dieu, n’a pas songé à une usurpation, c’est-à-dire : pour qu’il soit égal à Dieu. 7 - Non, mais il s’est vidé lui-même et a pris une forme d’esclave et a paru dans la ressemblance des hommes. 8 - En outre, lorsque, par sa manière d’être, il s’est trouvé comme un homme, il s’est humilié lui-même et est devenu obéissant jusqu’à la mort, oui la mort sur un poteau de supplice. 9 -  C’est pourquoi aussi Dieu l’a élevé à une position supérieure et lui a donné volontiers le nom qui est au-dessus de tout [autre] nom, 10 - afin qu’au nom de Jésus plie tout genou de ceux qui sont dans le ciel et de ceux qui sont sur la terre et de ceux qui sont sous le sol, 11 - et que toute langue reconnaisse ouvertement que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

Les deux notes pour 2:6 :
"se trouvant" : Ou : “ existant ”.
"usurpation" : Ou : “ chose à saisir ”. Lit. : “ action de saisir, d’enlever de force ”.

dans le manuel "Comment raisonner à partir des Ecritures" (publié par les témoins de Jéhovah), pages 426-427 :

Philippiens 2:5, 6 :
Os * : “Ayez entre vous la pensée même qui fut en Christ Jésus: Lui qui, subsistant en forme de Dieu, n’a pas estimé comme une usurpation d’être égal à Dieu.” (Od emploie une expression analogue ; Jé dit que Jésus “ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu”.) Par contre, dans MN la fin de ce passage est ainsi rendue : “Jésus, lequel, bien qu’il existât dans la forme de Dieu, n’a pas songé à une usurpation [grec harpagmon], à savoir pour être égal à Dieu.” (BFC, Ce, Da, Sg, SO et TOB donnent la même idée.)
Laquelle de ces deux options s’accorde avec le contexte? Au verset 5, Paul conseille aux chrétiens d’imiter le Christ sur l’attitude en question. Ses lecteurs pouvaient-ils penser que pour eux ce ne serait pas une “usurpation”, mais un droit d’ “être égal à Dieu”? Certainement pas. En revanche, ils pouvaient imiter quelqu’un qui n’avait “pas songé à une usurpation, à savoir pour être égal à Dieu”. (MN.) (Voir Genèse 3:5.) Cette leçon s’harmonise aussi avec les paroles suivantes de Jésus Christ: “Le Père est plus grand que moi.” — Jean 14:28.

* les sigles, en couleur bleue, renvoient aux diverses traductions de la Bible (lien).


Un commentaire biblique déclare : “On ne trouve aucun passage où [harpazô] ou l’un quelconque de ses dérivés [y compris harpagmon] ait le sens de ‘garder’ ou de ‘retenir’. Il semble que ce verbe signifie invariablement ‘ravir, s’emparer de’. Il n’est donc pas possible de passer du sens premier, ‘saisir’, à l’idée totalement différente de ‘garder’.” — The Expositor’s Greek Testament (Grand Rapids, 1967) de W. Robertson Nicoll, tome III, pp. 436, 437.

dans la brochure "Doit-on croire à la Trinité" (publié par les témoins de Jéhovah), pages 25-26 :

Est-il “égal à Dieu” ?
EN PHILIPPIENS 2:6, la Bible de Sacy (1846) dit de Jésus: “qui, ayant la forme et la nature de Dieu n’a point cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu.” On lit à peu près la même chose dans La Sainte Bible, de David Martin (1879). Certains défenseurs de l’idée selon laquelle Jésus est égal à Dieu utilisent encore de nos jours des versions similaires. Toutefois, remarquez comment d’autres traductions rendent ce verset  :  “quoiqu’il fût en forme de Dieu, loin de s’en prévaloir pour s’égaler à Dieu.” La Sainte Bible, de H. Oltramare (1908).  “Lui — véritablement de nature divine! n’a jamais eu la suffisance de se faire égal à Dieu.” Das Neue Testament, édition révisée, de Friedrich Pfäfflin (1965). “qui, bien qu’étant en forme de Dieu, n’a pas considéré qu’être égal à Dieu était une chose qu’il devait cupidement faire sienne.” La Bibbia Concordata (1968).  “il possédait depuis toujours la condition divine, mais il n’a pas estimé qu’il devait chercher à se faire de force l’égal de Dieu.” La Bible en français courant (1984). “lequel, bien qu’il existât dans la forme de Dieu, n’a pas songé à une usurpation, à savoir pour être égal à Dieu.” Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau (1987)“lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu.” TOB (1988).
Cependant, certains prétendent que même ces traductions plus fidèles impliquent 1) que Jésus était déjà égal à Dieu, mais qu’il était disposé à renoncer à son rang, ou 2) qu’il n’avait pas besoin d’usurper une égalité qu’il détenait déjà.
Ralph Martin, dans L’épître de Paul aux Philippiens (angl.), fait sur le grec original le commentaire suivant: “On peut douter, toutefois, que le verbe puisse glisser de son sens réel de ‘ravir’, ‘s’emparer de’, vers celui de ‘retenir’.” Le Commentaire interprétatif du Testament grec (angl.) dit de son côté : “On ne trouve aucun passage où ἁρπάζω [harpazô] ou l’un quelconque de ses dérivés ait le sens de ‘garder’ ou de ‘retenir’. Il semble que ce verbe signifie invariablement ‘ravir, s’emparer de’. Il n’est donc pas permis de glisser du sens véritable, ‘saisir’, vers un autre sens totalement différent, celui de ‘retenir’.”
Ce qui précède montre à l’évidence que les auteurs de certaines traductions, telles que la Bible de Sacy ou La Sainte Bible de David Martin, tordent les règles de la langue grecque pour faire valoir leurs vues trinitaires. Loin de suggérer que Jésus jugeait convenable de se faire égal à Dieu, le texte grec de Philippiens 2:6, lorsqu’on le lit d’un œil objectif, affirme exactement le contraire : Jésus ne pensait pas que ce fût convenable.
Le contexte (versets 3-5, 7, 8, Jé) nous éclaire sur la façon dont on doit comprendre ce verset 6. Paul formule cette exhortation: “Que chacun par l’humilité estime les autres supérieurs à soi.” L’apôtre prend ensuite l’exemple par excellence, celui de Jésus: “Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus.” Quels “sentiments”? S’agit-il de ‘ne point croire que ce fût une usurpation d’être égal à Dieu’? Non, cela irait totalement à l’encontre de l’argument développé. Bien plutôt, Jésus, qui 'estimait Dieu supérieur à soi’, n’a jamais ‘cherché à se faire de force l’égal de Dieu’; au contraire, “il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort”.
Assurément, ces paroles ne peuvent s’appliquer au Dieu Tout-Puissant. C’est de Jésus Christ qu’il est question ici, Jésus Christ qui illustre parfaitement l’argument de Paul relatif à l’importance de l’humilité et de l’obéissance vis-à-vis de quelqu’un de supérieur, le Créateur, Jéhovah Dieu.

 

Nous remercions Fabien Girard (témoin de Jéhovah, Chinon) de nous avoir transmis cette documentation.

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 11:40

a) de nature divine


« ... qui, ayant la forme et la nature de Dieu, n’a point cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu. » (Bible de Saci, 1846)
  « ... lui - véritablement de nature divine ! n’a jamais eu la suffisance de se faire égal à Dieu. » (Das Neue Testament, édition révisée, de Friedrich Pfäfflin, 1965).

« ... lui qui était vraiment divin, il ne s'est pas prévalu d'un rang d'égalité avec Dieu » (Nouvelle Bible Segond - NBS - éditée par l'Alliance biblique universelle en 2002)


b) dans la même condition de Dieu


jesus_paysage.jpg« ... bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement  son égalité avec Dieu. » (Crampon)
« ... lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. » (Bible de Jérusalem, 1956)
« ... lui dont la condition était celle de Dieu, il n'a pas estimé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu » (Louis Segond, Bible à la Colombe, 1978)
« ... lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. » (Traduction oecuménique de la Bible - TOB, 1988)
« ... lui, de condition divine, n'a pourtant jamais songé à revendiquer une quelconque égalité avec son Créateur » (Marie-Claire Lefeuvre, message au forum des unitariens francophones, le 26 juillet 2011).
 « ... lequel, bien que se trouvant dans la forme de Dieu, n’a pas songé à une usurpation, c’est-à-dire : pour qu’il soit égal à Dieu. » (La Traduction du Monde Nouveau - TMN ; traduction des témoins de Jéhovah, en français 1995)


 c) en forme de Dieu


« ... lequel étant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une usurpation d’être égal à Dieu. » (David Martin, 1879)

 « ... quoi qu'il fut en forme de Dieu, loin de s'en prévaloir pour s'égaler à Dieu » (Hugues Oltramare, 1908)
« ... lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu. » (Louis Segond, 1910)
« ... qui, bien qu’étant en forme de Dieu, n’a pas considéré qu’être égal à Dieu était une chose qu’il devait cupidement faire sienne.” (La Bibbia Concordata, 1968).
« ... existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher » (Louis Segond, Nouvelle Édition de Genève, 1975).
« ... lui qui, subsistant en forme d’Elohim, n’a pas estimé [comme] un butin le fait d’être égal à Elohim » (André Chouraqui, 1986)
« ... lui même forme de Dieu n’a pas pourchassé l’égalité de Dieu » (Bible de Bayard, 2001, traduction de Frédéric Boyer et Maurice Roger)


d) image de Dieu


« ... comme tout être humain il a été image de Dieu. Mais il s’est refusé à se prendre pour Dieu » (Jean Riedinger, article du 25 juillet 2011 dans les Etudes unitariennes « Jésus selon Paul : Dieu ou homme (1) – la kénôse de l’épître aux Philippiens », lien).


Nous remercions pour leurs contributions (messages au sein du forum des unitariens francophones,  lien, en avril puis en juillet 2011) : Jean-Claude Barbier (chrétien unitarien, Bordeaux), Roger Gau (chrétien unitarien, Toulouse), Fabien Girard (témoin de Jéhovah, Chinon), Marie-Claire Lefeuvre (protestante libérale et unitarienne, Rambouillet), Jean Riedinger (catholique, Meurthe et Moselle) et Laurens Trobat (protestant libéral et unitarien, Pau)

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 12:34

jean_riedinger.jpegJ’ai beaucoup travaillé ce texte qui me semble très essentiel dans l’origine du christianisme et dans son fondement. Si je le lis sans préjugé théologique anachronique concernant l’éternité du Christ comme deuxième personne de la Trinité mais en même temps en comprenant que la façon de vivre humainement de Jésus nous révèle la vraie nature de Dieu (Se Vider, Se donner : = Dieu est amour de saint Jean) voilà ce que donne une traduction que je veux littérale, des explications écrites rapidement et une tentative de traduction - transposition moderne que je crois fidèle au sens du texte de Paul. Jean Riedinger (message envoyé à la Correspondance unitarienne le 25 juillet 2011).


L’auteur est président de l’association Espérance 54 (54 pour Meurthe et Moselle, association fondée en 1995, lien), laquelle est membre de la Fédération des réseaux du Parvis ( lien) ; il anime par ailleurs l’Observatoire chrétien de la Laïcité (OCL) au sein de cette même fédération ; il est également membre du bureau de celle-ci. Photo jointe prise à l'assemblée générale de cette fédération, à Strasbourg en novembre 2009.


PAUL AUX PHILIPPIENS, 2, 5-12

 

mots-grecs.JPG

ndlr : la numérotation avec chiffres en bleu renvoie à la liste des mots grecs

et la numérotation avec des lettres minuscules en rouge renvoie aux commentaires

 

Pensez (1) en vous même ce que Jésus le Messie (pensait) en lui :
Lui dont l’être originel (2) est à l’image (3) de Dieu
n’eut pas pour dessein (4) [il n’a pas visé un but stratégique comme un chef de guerre] de prendre comme butin (5) le fait d’être l’égal de  Dieu (a)
Mais il s’est vidé (6) lui même
Prenant image (7) de serviteur [esclave]
Et il a évolué (8) (b) semblable à un homme
Et par son aspect on l’a connu comme un homme
Il s’abaissa lui même
Evoluant (9) docile jusqu’à la mort
Et la mort de la croix.
C’est pourquoi
C’est lui (10) que Dieu a élevé (c) au dessus de tout
C’est à lui (11) qu’il a attribué gratuitement (12) (d) le nom qui est au dessus de tout nom
Dés lors au nom de Jésus tout genou plie dans le ciel sur la terre sous la terre (e)
Dés lors toute langue proclame que Seigneur (13) est Jésus le Messie
Pour la « gloire » [une opinion juste et favorable à l'égard] de Dieu Père


Commentaires :
 

(a) - Jésus est présenté comme « nouvel homme ». Comme le premier homme (et femme) il est à l’image de Dieu (voir notre note en fin de texte). Mais à la différence du premier il ne vise pas l’égalité avec Dieu (allusion évidente à la « faute » d’Adam/Eve). Au contraire, Paul insiste sur son humanité pleine et entière. On ne peut pas dire que ce texte soit favorable à la « seconde personne de la trinité ». Jésus est ici un nouvel archétype de l’Humanité
(b) - Cette humanité pleine et entière est affirmée aussi dans l’emploi des verbes. Pour Dieu c’est le verbe être (14) pour Jésus c’est le devenir (15). Le verbe de l’éternité immuable opposé au verbe du temps, du devenir, de l’évolutif.
(c) - L’opposition est évidente (et même audible ) entre les verbes : il  s’est abaissé (16) et Dieu l’a élevé (17).
(d) - On notera la gratuité du don de Dieu. Jésus n’a pas « gagné » sa place. Dieu la lui a donnée. Comme nous n’avons pas « mérité » de vivre. Ce n’est pas une affaire de morale. C’est une affaire de vérité existentielle. Nous ne sommes pas Dieu. Nous sommes des hommes à l’image de Dieu dans le temps. Nous sommes « petits ». La tentation du couple archétypique et mythique, Adam/Eve, est toujours la nôtre. Jésus refuse d’être Dieu. Sa démarche est paradigmatique (modèle) pour ce qu’on appellera la mystique chrétienne (voir François d’Assise, Jean de la Croix, les deux Thérèse (d’Avila et de Lisieux) qui passent nécessairement par l’expérience de la Croix par opposition aux mystiques type New Age qui prétendent à l’épanouissement du moi par négation des limites humaines.
(e) - Mais Jésus est désormais l’archétype non seulement de l’homme mais aussi de Dieu. Pas un autre Jésus, différent après la Croix de ce qu’il fut avant. C’est le serviteur souffrant, le crucifié qui est pour nous la représentation la plus adéquate de Dieu. C’est celui là qui est élevé. Qui est en haut. Debout (Anestésis : Surrection). En Jésus par le don absolument gratuit du Père (celui que nous ne connaissons pas sinon à travers l’homme Jésus, ne l’oublions pas) Dieu apparaît. Epiphanie. Désormais comme l’a bien vu Irénée de Lyon : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ».


mots grecs

ndlr : la numérotation avec chiffres en bleu renvoie à la liste des mots grecs

et la numérotation avec des lettres minuscules en rouge renvoie aux commentaires

 

Essai de traduction « moderne » de ce texte
 

Mettez vous dans les dispositions spirituelles qui furent celles de Jésus :
Comme tout être humain il a été image de Dieu.
Mais il s’est refusé à se prendre pour Dieu.
Il a fait le vide en lui même de ces désirs maladifs et il s’est mis au service de ses frères
Il a  vécu en tout comme un être humain.
Il s’est identifié aux pauvres et aux petits  et il a été fidèle à ce choix
Jusqu’à être mis à mort dans des conditions ignominieuses,
Sur une croix.
C’est pourquoi
C’est ce Jésus là que nous croyons debout
C’est ce Jésus dont nous pensons qu’il a manifesté qui est Dieu
C’est sa bassesse que nous vénérons comme supérieure à toutes les grandeurs et les puissances 
Désormais dans l’humanité de Jésus éclate la vérité de Dieu.

 

ajouts en février 2010 et en 2011

septante_bis.jpeg

Dans la Septante ce n'est pas "morphè" qui est employé pour parler de l'homme image de Dieu mais bien "Eicona". Reprendre donc le sens de "morphè" dans le texte de Paul.
Y a t il une grande différence entre ces deux mots qui signifient d'abord l'un et l'autre «image» ? Il est vrai que "morphè" pourrait aussi dire , en langue plus philosophique, l'aspect, la forme, puis l'essence (voir le français « formel » par opposition à « matériel » repris de la philosophie d'Aristote). Mais "morphè" est aussi employé par Paul dans le même  texte pour parler de l'image de serviteur (esclave) "morphèn doulou labôn". Peut on dire qu'un être humain est esclave par essence ? Paul nous dit que Jésus est ce même être humain agissant en serviteur qui se conduit comme un esclave ayant renoncé à être perçu comme image de Dieu ? Mais de quel dieu précisément ?
Car il y a quantité d 'images de Dieu – y compris dans la Bible- qui ne sont pas des icônes mais des idoles. Et Jésus dénonce par sa façon d'être « fils de  Dieu » en  relation d'agapè avec son Père, la façon dont Adam - fils de Dieu selon la fin de la  généalogie de Jésus dans l'évangile de Luc - se conduit en relation de rivalité avec Dieu comme le serpent le suggère à Eve (« vous serez comme des dieux »). On peut aussi penser avec Kant que le couple archétypique conquiert son humanité par cet acte de désobéisssance, un peu comme un adolescent devient adulte en prenant conscience de sa propre liberté mais aussi de La responsabilité qu'elle implique. L'homme devient « autonome », être moral non soumis à un destin.
Mais quel dieu visent à devenir Adam et Eve ?
N'est ce pas une idole ? Le divin considéré comme dominateur et despotique ? Camus nous explique dans l'homme révolté que l'esclave peut très bien se battre pour devenir maître, et donc dominer sur ses propres esclaves. Le Serpent a égaré le couple archétypique en lui donnant pour objectif de devenir un dieu tout puissant. Et tous les adorateurs du DIEU TOUT PUISSANT- PAR LE FAIT MÊME sont bien les enfants de ce couple qui a conquis sa liberté sur une fausse vision de Dieu. Les adolescents peuvent aussi se tromper sur ce qu'est la liberté personnelle.
Dans la Genèse, les "Elohim" réagissent d 'ailleurs immédiatement en chassant Adam et Eve du « jardin-paradis » (de l'animalité ?) « de peur qu'ils ne deviennent comme l'un de nous » (immortels). L'Humanité rencontre la peur de la souffrance et surtout la certitude angoissante de la mort inévitable. Expérience universelle d'un  destin  qui reste de génération en génération à la fois très naturelle et très mystérieuse par rapport à notre désir toujours présent voire lancinant d'immortalité.
Il y a donc plein de strates de sens dans cette mythologie de la Genèse que je n'ai fait qu'effleurer sur quelques points particuliers. Genèse à ne pas lire au premier degré ! Et surtout pas avec dans la tête les hypothèses augustiniennes sur le Péché originel devenues des dogmes ; hypothèses complètement absentes de la pensée de Jésus.
L'expression « vrai dieu et vrai homme », qui est pour le moins très obscure, sera donc une tentative dogmatique très ultérieure de compromis entre tendances théologiques qui s'opposent sur l'humanité et la divinité de Jésus et sur la  relation de Jésus à la divinité (« Père » et « Esprit »).

Mais entre temps une certaine vision politique de Dieu se sera à nouveau  imposée, une vision à l'image de l'Empereur (le Christ cosmocratique) : d'où la fréquente transformation de l'idée d'incarnation en avatar momentané du Roi des rois. Il est descendu de son trône céleste pour se mêler au petit peuple avant de retourner siéger à la droite du potentat. Un visite ad limina en quelque sorte avant le retour au palais épiscopal. Ou encore une épreuve initiatique  du genre de celle qui s'impose à tout jeune seigneur avant d'épouser à la fois le trône et sa bien aimée. Un moment à passer. Pas une  révolution profonde de notre regard sur la divinité. Voir la fête du Christ Roi pour célébrer un Jésus qui pourtant selon les évangiles a fui le pouvoir proposé à plusieurs moments par Pierre, les disciples, la foule... tous figurés dans la tentation par Satan durant la retraite de Jésus dans la solitude. Il est vrai que Jésus a tenté d'expliquer, sans être vraiment compris de la plupart de  ses contemporains, que s'il était Roi, son royaume n'était pas de ce monde, non pas qu'il régnât sur un univers extra terrestre ou même extra cosmique , mais que son royaume n'était pas du type de royaume et de pouvoir politique en usage habituellement dans les sociétés humaines (Que chez vous celui qui a autorité se conduise comme le serviteur).
Ainsi, ce que nous dit Paul de la Kénose * c'est que désormais c'est le serviteur qui est l'image de Dieu, qui est glorifié. C'est le service des hommes qui donne du poids (ce que signifie le mot hébreux que les grecs traduisent par doxa : opinion favorable et que nous traduisons par gloire). C'est ce service qui donne de la valeur, du sens à nos vies en révélant que c'est par l'agapé que nous montrons en quoi précisément nous sommes fils de Dieu.

 

* définition de la Kénôse (Christian Godin, Dictionnaire de Philosophie, Fayard/éditions du Temps, 2004 : 711)

du grec kénôsis, état de vide

Allusion à un passage de l'Epître aux Philippiens dans laquelle saint Paul (1er siècle) dit qu'en venant au monde le Christ s'est vidé, c'est-à-dire dépouillé de sa condition divine.  

1 - Effondrement onthologique du Verbe correspondant à son incaranation, dans la théologie chrétienne. Ainsi, l'Incarnation serait-elle déjà en soi un premier sacrifice pour l'amour de l'Humanité.  

2 - Dans un sens hérétique, limitation à la divinité du Verbe apportée par l'Incarnation. Le Verbe de Dieu aurait limité l'usage de ses attributs divins dans l'acte même où il s'incarnait".

 

ndlr : la Bible de Jérusalem indique que ce texte est un hymne christique que Paul a repris dans son épître (lien).

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