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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 16:50

suite des articles précédents

 

Jésus serait-il donc un être surnaturel venu prendre forme humaine durant sa vie terrestre ?

 

On peut trouver les prémisses de cette foi dans les hymnes christiques que Paul va intégrer dans ses épîtres. Il s’agit là d’une pensée pieuse et populaire, enthousiaste et excessive, qui chante les qualités de son héros en les sublimant. Ces hymnes sont parfaitement repérables car différents du style et de la pensée théologique de Paul, lequel a toujours pris soin de s’adresser distinctement à Dieu (IHVH, El, Elohim, Elohims) et à Jésus (l’adôn = le maître, le seigneur, « notre Seigneur ») ; mais les épîtres de Paul sont d’abord des lettres pastorales qui donnent des conseils, encouragent et exhortent – et pas seulement des traités de théologie !


Ors, ces hymnes christiques, du milieu du Ier siècle, partent de l’idée d’un dieu qui est avec Dieu, préexistant à son existence terrestre, et qui serait descendu parmi nous. Alors que la résurrection de Jésus est une élévation d’entre les morts, une ascension (ce que les théologiens adoptionnistes diront plus tard), nous avons là le mouvement inverse, celui d’une descente des cieux, une plongée dans l’humanité, une descente dans l'arène.


On a un premier hymne de ce genre dans l’Epître aux Philippiens, en 2, 6-11 : selon les traductions, Jésus est comme de la forme d’un dieu, de condition divine, dans un état d’égalité ou d’un rang égal à Dieu, etc., mais « il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur la croix ! » (traduction de la Bible de Jérusalem), avant que Dieu ne l’exalte.


Dans un second hymne, celui dans la Première épître à Timothée, en 3, 16 : « Il (le Christ) a été manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, vu des Anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, enlevé dans la gloire ». Nous ne sommes pas loin du Prologue de l’évangile de Jean, lui aussi de style très poétique, et où il est aussi question d’une incarnation.


Il y a là l’affirmation que Jésus préexistait à son existence terrestre, qu’il était avec Dieu. La référence juive peut en être le Livre d’Hénoch puisque ce patriarche n’est pas mort mais est monté au ciel par une ascension ; il est donc depuis avec Dieu, et – comme Elie enlevé aux cieux dans un char de feu – il peut revenir à tout instant pour un destin messianique ! Dans ce livre, le patriarche Hénoch devient une figure messianique, le Fils de l’homme, que Jésus va s’approprier. Les nazôréens, les adeptes judéo-chrétiens de Jésus, vont donc maintenir cette eschatologie qui caractérise leur mouvement dès sa naissance (voir notre dossier « Le Fils de l’homme », lien).

 

arius_pretre_d_alexandrie.JPGPour les chrétiens issus du paganisme, ils peuvent, quant à eux, avoir comme modèle les dieux des cultes antiques qui sont proches des humains, ainsi Dionysos, grand voyageur parmi les hommes ! (Voir notre dossier Jésus et Dionysos, lien)
  


Un dieu subordonné, créé par Dieu pour jouer un rôle messianique auprès des hommes, préexistant à la Création du monde ; c’est ce que dira précisément le prêtre d’Alexandrie Arius au début du IVème siècle (portrait ci-joint), ce qui lui vaudra d’être condamné au concile de Nicée en 325. De nos jours, les témoins de Jéhovah défendent cette position théologique.

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