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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 12:09

par Jean-Claude Barbier ( à la suite de l'article "à Talpiot ou ailleurs, les ossuaires judéo-chrétiens sont classés ... sans suite" et des articles précédents de la série "le tombeau de Talpiot"). L'article présent a été publié dans les Actualités unitariennes du mercredi 27 juin 07.

Que de critiques adressées à l’enquête de l’archéologue canadien Simcha Jacobovici ! Or ce dernier, contrairement à ses détracteurs de tout bord, ne ferme nullement les portes par des conclusions sans appel, mais au contraire les ouvre. Ce sont autant de pistes de recherche et le dossier est loin d’être clos. Encore faut-il que les commentateurs ne les ferment pas précipitamment par trop de prudence, par manque de passion, par dogmatisme aussi. Tout le monde y a été de sa plume, parfois avec une suffisance ... toute "pharisienne". 


Joseph d'Arimathie qui prêta son tombeau, sis à Jérusalem, pour y déposer le corps de Jésus le temps du sabbat (photo vue sur le site de l'Eglise orthodoxe celte).


Durant un siècle, jusqu’en 70 (prise de Jérusalem qui s’était révoltée et ruine du Temple), les Juifs ont adopté la coutume de caveaux familiaux creusés dans les falaises. On en a ainsi retrouvé pas moins de 900 lors des fouilles menées dans la banlieue de Jérusalem jusqu’en 1981. 20% des ossuaires portaient des inscriptions, dont ceux qui nous concernent ici.


Une chambre centrale dispose d’un lit en terre où l’on allonge le cadavre ; puis, lorsqu’il ne reste plus que ses os et qu’un autre cadavre est en attente, on dépose les os dans des ossuaires individuels, disposés tout autour dans des niches (appelées korim = four) avec, souvent, une inscription utilitaire sous forme de graffiti afin de les identifier. Certains sont ornés comme celui du Grand prêtre Caïphe.


Dans ce tombeau sis à Talpiot et qui pourrait bien être celui de la famille de Jésus, on a retrouvé 10 ossuaires disposés dans 6 niches. Bien que les prénoms aient été courants à l’époque (par exemple le nom de Jésus est inscrit sur 71 ossuaires), le fait qu’on puisse établir un lien entre les inscriptions de ces ossuaires et les personnages dont nous parlent les évangiles est assez troublant. Chacun de ces liens reste bien entendu à discuter, mais admirons quand même le beau tir groupé.

1 - " Yeshua bar (= fil de) Joseph " : çà commence bien puisque seuls 3 ossuaires sur les 900 répertoriés portent cette inscription ! Ici, elle est écrite en araméen.

2 - " Maria ", écrit en lettres hébraïques mais prononcé à la romaine – ce qui est rare - car en hébreu, c’est Myriam.

3 - " Matthia ", qui est un diminutif de Mattyaou = notre " Matthieu " ; c’est un nom fréquent de la famille de Jésus si l’on en croit la généalogie de Jésus selon Luc où il y a pas moins de 6 " Matthieu "

4 - " Josah ", diminutif de Joseph qui équivaut en français à José ; c’étaient les diminutifs qui, selon la loi juive, étaient utilisés pour les identifications funéraires ; or c’est ce diminutif que Marc utilise à propos d’un des frères de Jésus.

5 – " Mariamene e Mara ", Mariamene serait un diminutif de Myriam. C’est sous cette appellation que Marie-Madeleine de Magdala est citée dans les Actes de Philippe, écrit apocryphe certe tardif, du IV° , mais qui a pu reprendre une tradition orale antérieure. Mara renverrait à un titre équivalent de " seigneur " ; ce titre est conservé dans l’Eglise arménienne sous la forme " Mar ". L’inscription est en grec ; Magadala était une cité commerçante où l’on parlait le grec et l’araméen et les prénoms étaient revus en conséquence. Un grattage de la patine de l’ossuaire a permis une étude ADN qui, bien que limitée à cause des maigres restes qui ont pu être prélevés, n’en indique pas moins que cette " Marie-Madeleine " n’est pas consanguine à Jésus ; serait-elle donc alors épouse pour justifier de sa présence en ces lieux ?

6 – " Jehuda bar Jeshua " en araméen :  un fils de notre Jésus ? S. Jacobovici émet l’hypothèse que ce serait le " disciple bien aimé " dont parle Jean ; ce serait finalement à lui que Jésus s’adressa du haut de sa croix et non pas à Jean l’apôtre : " femme contemple ton fils ". Dès lors, on comprendrait mieux l’attitude familière de ce disciple qui, lors de la Cène, met sa tête sur la poitrine du maître (pour ceux qui ne sympathisent pas avec cette hypothèse, on peut en émettre une autre : une relation homosexuelle entre Jésus et l’un de ses disciples !). L’ossuaire a été décoré et laisse supposer que ce fils, sans doute tenu caché à cause des évènements, était l’espoir de la communauté.

7, 8 et 9 - sans inscription

10 – " Jacques fils de Joseph ", avec sans doute en rajout " frère de Jésus ". Il a été inventorié lors de la découverte du site, puis il est réapparu en octobre 2002 chez un collectionneur qui dit l’avoir acheté chez un antiquaire arabe quelques 10 ans auparavant, ce qui correspond bien à la date des fouilles, 1980. L’ossuaire était donc absent lors de la réouverture du tombeau par S. Jacobovici. La composition chimique de sa patine s’avère semblable à celle des autres ossuaires du tombeau.


Tout cela reste encore à étudier, mais nous avons là, indéniablement, une piste avec des éléments intéressants. Poursuivons là en toute sérénité et allons jusqu’au bout ! Si elle s’avère fausse, le monde ne s’en écroulera pas pour autant et il sera alors temps d’avancer une autre hypothèse. Ainsi va la connaissance scientifique loin des fureurs impulsives de ceux qui ne supportent pas les travaux, pourtant argumentés, des autres.


Voir aussi le point de vue de Michel Benoît sur son blog (en lien avec l’AFCU) :
La critique du film de James Cameron ", dimanche 17 juin 07, et " Le tombeau de Jésus, réalité ou supercherie ? suite ", vendredi 22 juin 07.

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