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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 19:41

commentaires de lecture de Louis Cornu selon l'ordre chonologique des trois années de la vie publique de Jésus

Dans son prologue, pour présenter Jésus, Jean, après avoir affirmé que le logos était Dieu et que le Fils unique, plein de grâce et de vérité, s’était fait chair, il conclut "Si la loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu, Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé " (Jn 1, 17-18). La formule " Dieu Fils unique dans le sein du Père " reprend presque mot à mot ce qui était affirmé dans les Paraboles d’Hénoch au sujet de l’Elu / Fils de l’homme dans le sein de Dieu (
Hen XLVIII, 1-6).

 

au baptême

Au baptême de Jésus, est confirmée la filiation divine de ce dernier, mais elle est exprimée par les trois synoptiques en analogie avec l’onction qui faisait d’un roi d’Israël un " Fils " adopté par Dieu, le jour de son sacre seulement : " Aujourd’hui je t’ai engendré … c’est mon bon plaisir ", ma décision, mon choix. Jean précise et rectifie : cette filiation n’est pas adoptive (ponctuelle) ; elle est ontologique : c’est celle de l’Elu / Fils de l’homme, depuis toujours dans le sein du Père.

 

Jésus est salué par Nathanaël, Israélite authentique, comme " Fils de Dieu, Roi d’Israël ". Jésus ne rejette pas ce titre, mais il ajoute : " Tu vas voir des choses bien plus grandes … En vérité, en vérité je vous le dis, vous allez voir le ciel ouvert et les anges de Dieu, monter et descendre au dessus du Fils de l’homme " (Jn 1, 50-51). Vision évoquée : le Fils de l’homme / Jésus étant sur terre, l’ouverture du ciel va mettre le ciel en communication avec la terre et l’on assistera à un va-et-vient d’anges entre l’un et l’autre, donc au-dessus du Fils de l’homme, dans ses fonctions révélées par Daniel et Hénoch pour les derniers temps.

 
à Pâque an 28

A l’occasion de la Pâque de l’an 28 (30 avril), Jésus rencontre le pharisien Nicodème à Jérusalem et lui fait cette remarque : " Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment croiriez-vous si je vous disais les choses du ciel. Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle " (Jn 3, 12-14).

 

La vie éternelle, c’est la salut qu’apporte la Fils de l’homme à ceux qui croient (ou qui ont cru) avec la résurrection des morts au dernier jour. C’est élevé (glorifié), c’est-à-dire de là haut, du ciel qu’il accordera ce salut (d’où l’allusion au serpent d’airain) (Nb 21, 4-2) guérissant les blessés-piqués, à terre, qui levaient leurs yeux vers lui). Les pharisiens, que représente Nicodème, sont sceptiques et ne seront pas sauvés.

 

Jésus, en tant que Fils de l’homme, est seul à pouvoir leur parler des choses du ciel puisqu’il est seul à en être descendu, mais il constate et déplore leur scepticisme. Actuellement, Fils de Dieu, venu dans le monde pour sauver, il ne " juge " pas. C’est encore le temps du salut possible, même pour les pharisiens, à condition de croire. C’est seulement au dernier jour qu’il entrera dans sa fonction judiciaire (Hen XLVI, 3 et LXIX, 27). En attendant ce jour, Jésus / Fils de l’homme n’a pour objectif que d’apporter le salut : il n’y a pas contradiction, c’est une question de séquence chronologique.

 

Jésus, revenu en Galilée, à Capharnaüm, a remis ses péchés à un paralysé avant de le guérir. Il s’adresse à la foule présente et dit : " Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur terre le pouvoir de remettre les péchés " (Lc 5, 24 ; idem Mc 2, 10 et Mt 9, 6). Belle concordance des trois synoptiques. Dans la pensée judaïque, infirmité et péché sont étroitement liés : l’infirmité signale le pécheur. Guérir l’infirme, c’est donc aussi accorder le pardon de la faute, au nom de Dieu à qui seul appartient normalement ce pouvoir. Il y a donc entre Dieu et le Fils de l’homme partage du pouvoir divin : le Fils de l’homme accomplit l’œuvre de Dieu.

 

début été 28

Au début de l’été 28, ses disciples ayant arraché des épis un jour du sabbat, à des pharisiens réprobateurs, Jésus rétorque : " Il est maître du sabbat, le Fils de l’homme " (
Lc 6, 5 ; idem Mc 2, 28 et Mt 12, 8).

 

Au cours d’une controverse, avec des pharisiens, après la guérison d’un possédé, ceux-ci affirment que Jésus agit dans l’affaire non pas au nom de Dieu mais de connivence avec Béelzéboul, chef des démons. Jésus considère cette affirmation polémique comme un blasphème contre l’Esprit de Dieu : " Tout sera pardonné aux fils des hommes, les péchés et les blasphèmes … mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit-Saint, il reste sans pardon à jamais " (Mc 3, 28), " Si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné, mais s’il parle contre l’Esprit-Saint cela ne lui sera pardonné ni en ce monde, ni dans le monde à venir " (Mt 12, 31). Marc ne parle pas de blasphème contre le Fils de l’homme. Matthieu ne stigmatise pas le blasphème mais seulement " la parole contre " le Fils de l’homme, moins grave qu’un blasphème. Il y a une échelle de gravité …

 

L’une des Béatitudes : " Heureux êtes-vous lorsqu’on proscrit votre nom comme infâme à cause du Fils de l’homme " (Lc 6, 22). Quiconque proclame sa croyance que le Fils de l’homme est un être céleste, préexistant dans le sein de Dieu, et qu’il va sous peu intervenir comme juge de la fin des Temps ; quiconque accorde sa confiance à Jésus, Fils de l’homme, professe une conviction très minoritaire qui peut lui valoir des quolibets, du mépris même ; eh bien, qu’il se réjouisse, il va bientôt savourer le bonheur d’avoir eu raison, la récompense des prophètes traités jadis de la même façon. Curieusement, Matthieu ne cite pas cette béatitude.

 

Jean-Baptiste, en prison et inquiet, a fait interroger Jésus qui lui a fait transmettre une réponse rassurante. Ensuite, il se compare à lui. " Le Fils de l’homme est venu, il mange et boit … " (Lc 7, 34 ; idem Mt 11, 19). Jean avait mené depuis longtemps une vie ascétique que finalement chacun avait pu constater pendant la courte période (quelques mois seulement au printemps 28) de son activité publique de baptiste, avant son arrestation. Depuis cette arrestation, Jésus, revenu en Galilée, avait dû mener une existence active, peut-être trépidante, de missionnaire itinérant, sans doute fatigante qui l’obligeait à se nourrir normalement et le conduisait parfois à partager le repas de ceux qui l’invitaient à leur table pour mieux le connaître. Qu’il y ait eu quelques bonnes âmes ou mauvaises langues pour le traiter de viveur ne serait pas étonnant ; le contraste devait être saisissant si on cherchait à faire une comparaison. Il est indéniable que Jésus (Fils de l’homme) avait dû s’adapter à une conjoncture que ni le Baptiste, ni lui-même apparemment, n’avaient envisagé à l’origine lorsqu’ils s’était rendu à Jérusalem, au printemps de l’année 28, pour la Pâque.


automne 28
 

Jésus, revenu à Jérusalem, à l’automne 28, lors de la fête de Soukot apparemment, a guéri un paralytique un jour de sabbat. Pour cette raison, s’en est suivie une discussion avec les Juifs et des paroles menaçantes. Jésus a dû mettre les choses au point : " En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient – et maintenant elle est là – où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu et ceux qui l’auront entendue vivront. Car comme le Père possède la vie en lui-même, ainsi a t-il donné au Fils de posséder la vie en lui-même ; il lui a donné le pouvoir d’exercer le jugement parce qu’il est le Fils de l’homme " (Jn 5, 25-27).

 

La mise au point de Jésus est particulièrement claire : lui, qui vient de guérir un paralytique le jour du sabbat, il est le Fils de Dieu parce qu’il est le Fils de l’homme – celui qui était dans le sein de Dieu avant la création du monde (Hen XLVI, 3 et XLVIII 1-6). C’est bien en raison de cela, qu’à propos de cette guérison, il avait affirmé son union intime avec Dieu : quand j’agis, le Père agit avec moi. Ses interlocuteurs juifs avaient très bien compris et ils estimaient que cette déclaration constituait un blasphème d’autodéification, crime passible d’une sentence de mort (Jn 5, 17-18).

 

Assez vraisemblablement ces interlocuteurs représentent une catégorie de croyants judaïques très proches des pharisiens que Jésus mettait en cause quelques mois plus tôt à propos des menaces pesant sur les baptistes (Jn 4, 1 et s) et qui vont maintenant se concerter avec les hérodiens dans l’intention de le faire périr (Lc 6, 11 ; Mc 3, 6 ; Mt 12, 14).

 

Il ne s’est écoulé que 7 ou 8 mois depuis l’entrée en scène de Jean et Jésus au printemps de l’année 28. Le premier est au cachot et sera bientôt décapité ; le second est menacé de mort. Première persécution, par action conjointe du pouvoir religieux – les pharisiens – et du pouvoir civil avec Hérode-Antipas.


printemps 29
 

Au printemps 29, peu avant " la mission des Douze ", Jésus explique sa parabole de l’ivraie : " Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme " (Mt. 13, 37), " le Fils de l’homme enverra ses anges " (41)

 

Peu avant Pâque 29, Jésus a multiplié les pains pour les Galiléens rassemblés par la "mission des Douze". Ils ont voulu le proclamer roi. Il a refusé ; il s’explique : " La vie éternelle que le Fils de l’homme vous donnera … " (Jn 6, 27), " Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, vous n’aurez pas la vie en vous … " (53), " Et si vous voyez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ". Après ce discours, les Galiléens abandonnent Jésus, désormais presque seul.

 

Après son refus d’être proclamé roi et son discours explicatif à Capharnaüm, Jésus est abandonné par la quasi-totalité de ses disciples galiléens, hormis les Douze. Jusqu’alors, il n’avait évoqué le Fils de l’homme que dans une perspective de " Royauté, de puissance et de gloire " conforme aux révélations de Daniel et d’Hénoch. Désormais, sans exclure la gloire finale, c’est sur un destin tragique, qu’aucun prophète n’avait imaginé pour le Fils de l’homme, qu’il va le plus souvent insister.

 

Jésus dans une attitude à la Che Guevara ; affiche de la Tribu chrétienne hérétique alternative autogérée de prière (TCHAAP) qui représente en France la mouvance "Jésus freaks".


Jésus, avec les Douze prend la route de Césarée. En chemin, première annonce, inattendue, de sa Passion à venir : " Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup … " (
Lc 9, 22). " Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre " (Mc 8, 31). " Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? " (Mt 16, 13) ; " Il commença à leur dire qu’il fallait qu’il souffre beaucoup " (Mt 16, 13). Surprise totale, Pierre prend cette annonce pessimiste pour un découragement passager, une baisse de moral ; Jésus persiste.

 

Jésus sait ce qu’il en coûtera à ses disciples de lui demeurer fidèles dans les épreuves qu’ils vont avoir à vivre, avant le triomphe final. 
- dans Luc : " Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire " (9, 26).

- dans Marc :  " Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges " (8, 38). " Parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le règne de Dieu venu avec puissance " (9, 1) .

- dans Matthieu : " Le Fils de l’homme va venir avec ses anges, dans la gloire de son Père … " (9, 27). " … parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Fils de l’homme venir comme roi " (28) .

 

Les auditeurs de Jésus, qui sont ici les Douze vivront la " Fin des temps ". Luc l’affirme sans restriction ; Marc et Matthieu précisent que certains seulement vivront alors : c’est la preuve qu’ils ont rédigé leur évangile après le décès de l’un (ou de plusieurs) des douze apôtres. Luc n’ayant pas jugé cette réserve nécessaire : son évangile pourrait avoir rédigé auparavant et à partir d’un récit antérieur à la mort de Jacques, vers 42.

 

Quelques jours plus tard, sur une haute montagne de la région de Césarée, Jésus est transfiguré en présence de Pierre et des fils de Zébédée, Jacques et Jean. Il leur fait ensuite une deuxième annonce – plus précise – de sa passion.

- dans Luc : " Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes " (9, 44)

- dans Marc : " Il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. Ils observèrent cet ordre tout en se demandant entre eux ce qu’il entendait par " ressusciter d’entre les morts " (9, 9-10), " Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. Ils le tueront et trois jours après il ressuscitera. Mais ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l’interroger " (9, 31-32).

- dans Matthieu : " Ne dites rien à personne de ce qui s’est fait voir de vous, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts " (17, 9) . " Le Fils de l’homme lui aussi va souffrir par eux " (12). " Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. Ils le tueront et le troisième jour, il ressuscitera " (22) .

 

Voilà un discours de Jésus que seul l’un des trois, Pierre, Jacques ou Jean, pouvait rapporter. Marc, qui fut l’interprète de Pierre à Rome avant de rédiger son évangile, mérite donc une attention toute particulière. Selon lui, les trois ne comprenaient pas le sens de " ressusciter d’entre les morts ". Pour être explicite, cette expression suppose que Jésus l’ait liée à l’affirmation de sa mort. Il n’aurait donc pas évoqué verbalement sa mort, mais seulement " sa livraison ", ses " souffrances " … et logiquement sa " glorification ".

 

La formule " mort et résurrection le troisième jour ", imposée par les faits, se serait substituée dans les récits oraux à la formule " glorification " … Mais alors Pierre aurait éprouvé quelque difficulté à justifier son attitude (et celle de tous les disciples) lors de la mort de Jésus : on n’attendait point sa résurrection, on se souciait simplement d’embaumer son cadavre. D’ailleurs, remarque Jean (20, 9) " ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture selon laquelle il devait se lever d’entre les morts ".


automne 29

A l’automne 29, lors de la fête de Soukot, Jésus est remonté à Jérusalem, malgré la menace qui pèse sur lui. " Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que je le suis et que je ne fais rien de moi-même. Je dis ce que le Père m’a enseigné " (Jn 8, 28). Quelque temps plus tard, à un aveugle-né qu’il venait de guérir. " Crois-tu au Fils de l’homme ? … eh bien tu l’as vu, c’est celui qui te parle " (Jn 9, 35).

 

fin décembre 29

Fin décembre 29, à Jérusalem, lors de la fête de Hanouka, Jésus déclare " … avant qu’Abraham fût, je suis " (Jn 8, 58) – ce qui découle de la préexistence du Fils de l’homme" caché dans le sein de Dieu, avant la création du monde. Il a échappé de peu à une lapidation … s’est enfui, mais est revenu à Jérusalem pour Lazare … s’est enfui à nouveau et maintenant il annonce, en clandestinité, sa dernière montée à Jérusalem. " Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids, le Fils de l’homme, lui, n’a pas où poser la tête " (Lc 9, 58 ; idem Mt 8, 20).

 

Le Fils de l’homme comme Jonas.
" De même que Jonas fut un signe pour les gens de Ninive, de même aussi le Fils de l’homme en sera un pour cette génération " (Lc 11, 30). " Tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits " (
Mt 12, 40).

Le Jugement appartient au Fils de l’homme.

" Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme se déclarera pour lui devant les anges de Dieu " (Lc 12,8).

Imminence de la fin des Temps.
" Vous aussi, tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous ignorez que le Fils de l’homme va venir " (Lc 12, 40). " … vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël, avant que ne vienne le Fils de l’homme " (Mt 10, 23).

Venue du Royaume de Dieu le "jour du Fils de l’homme".
" Des jours vont venir où vous désirez voir ne fût-ce seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas " (Lc 17, 22). " Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’homme " (26). " Et il en sera de la même manière le jour où le Fils de l’homme se révèlera " (30). " Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? " (18, 8).

 
printemps de l'an 30

Printemps de l’année 30, Pâque tombe le 8 avril, un sabbat. La dernière semaine de Jésus commence. IL a déjà été condamné à mort par le sanhédrin quelques semaines plus tôt (Jn 11, 53). Il est recherché par la police du Temple (Jn 12, 57). Les pèlerins arrivent en nombre. Jésus a fait savoir qu’il viendrait affronter ceux qui veulent l’éliminer : il est persuadé que les évènements vont aboutir à son triomphe, à sa glorification de Fils de l’homme (Jn 12, 27-31). Il arrive par Jéricho.

 

Montant à Jérusalem en compagnie des Douze et d’un grand nombre de pèlerins, une semaine avant sa mort, Jésus passe à Jéricho. Il annonce, pour la troisième fois, sa passion désormais imminente.

- dans Luc : " Voici que nous montons à Jérusalem et que va s’accomplir ce que les prophètes ont écrit au sujet du Fils de l’homme " (18, 31) ; " Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu " (19, 10)

- dans Marc : " Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme sera livré aux Grands-prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens ; ils se moqueront de lui ; ils cracheront sur lui ; ils le flagelleront ; ils le tueront et, trois jour après, il ressuscitera " (10, 33).

- dans Matthieu :  " Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’homme sera livré aux Grands-prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort et le livreront aux païens pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent, le crucifient ; et trois jours après, il ressuscitera " (Mt 20, 18).

 

Cette troisième annonce, très succincte en Luc, est en revanche très détaillée en Marc et en Matthieu où elle correspond exactement au déroulement des faits quelques jours plus tard. Luc confirme ce que Marc avait déjà énoncé à l’occasion de la deuxième annonce : c’était écrit (Mc 9, 11) ; c’était écrit par les prophètes. Problème : aucun prophète connu n’avait prédit au Fils de l’homme, souffrances, mort et résurrection. C’est une énigme à résoudre.

 

Second problème : si Jésus avait prédit aussi clairement sa mort et sa résurrection le troisième jour, il irait de soi que ses disciples aient attendu cette mort ; puis, ensuite, avec confiance, une résurrection dans les trois jours. Or il apparaît que sa mort les a consternés et que, sans attendre, on s’est soucié d’embaumer son cadavre dès le surlendemain.

 

Voilà ce qui est hautement vraisemblable. Jésus a bien annoncé ses souffrances qui allaient déboucher sur sa glorification. Il a très probablement évoqué son exécution – c’est ce que donne à penser Jn 12, 7 dans le récit de l’onction de Béthanie, la veille de l’entrée royale à Jérusalem – mais sans insister outre mesure, car associée à la manifestation immédiate, simultanée du Fils de l’homme en gloire, avec ouverture des cieux. Cette ouverture et cette manifestation ne s’étant pas produites, la mort de Jésus en croix – qui ne devait être qu’un épiphénomène – a pris rapidement, pour ses disciples, une importance dramatique. Ils ont du se rendre à l’évidence dès le vendredi-soir : il n’y avait plus qu’un cadavre à embaumer.

 

Après la requête des Fils de Zébédée, pour modérer leur ambition.

" Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mc 10, 45). " C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20, 28).

 

Pour la part tragique de son destin, qui ne peut être rattachée au Fils de l’homme (selon Daniel et Hénoch) Jésus s’identifie au " Bon berger " de Zac 13, 7-9 qui donne sa vie pour son troupeau (Jn 10, 11). C’est l’association Bon berger - Fils de l’homme qui explique cette parole de Jésus

 

Le dimanche, Jésus est entré à Jérusalem, sur un ânon, en roi sauvé (Zac, 9, 9). Il s’exprime devant la foule qui le questionne : " Elle est venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié " (Jn 12, 23). " Comment peux-tu dire qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? " Qui est le Fils de l’homme ? " (34). Jean ne parle jamais de résurrection, mais de glorification.

 

Le grand discours eschatologique du mardi soir :

" Alors, ils verront le Fils de l’homme venir entouré d’une nuée, dans la plénitude de la puissance et de la gloire " (Lc 21, 27 ; idem Mc 13, 26).
" Comme l’éclair qui part du levant et brille jusqu’au couchant, ainsi en sera-t-il de l’avènement du Fils de l’homme " (Mt 24, 27). " Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme " (30).

" Restez éveillés et priez pour tenir debout devant le Fils de l’homme " (Lc 21, 36)

" Tels furent les jours de Noé, tel sera l’avènement du Fils de l’homme " (Mt 24,37) ; " Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme " (39) ; " Voilà pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts car c’est l’heure que vous ignorez que le Fils de l’homme va venir " (44).

" Quand le Fils de l’homme viendra dans la gloire accompagné de tous les anges, alors il siègera sur son trône de gloire " (Mt 25, 31)

 

Par son discours du mardi soir, deux jours avant son arrestation, Jésus confirme sans équivoque sa mystique eschatologique personnelle, inspirée par les prophètes auteurs de révélations (apocalypses) au sujet des derniers temps, le second Zacharie et surtout Daniel (avec amplification hénochienne). Daniel est pour lui, pour ce qui concerne l’avenir, le prophète de référence : Fils de l’homme, échéance eschatologique, vie éternelle sur une terre nouvelle.

à suivre avec l'article "Jésus, mystique jusqu'au bout"

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