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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 05:16

La déduction consiste à enchaîner des nouvelles propositions à partir des vérités précédemment admises. Il en est ainsi des mathématiques qui, à partir d’axiomes posés comme des points de départ - qui eux ne sont pas démontrées - , conduit à des développements de plus en plus complexes. On peut bien entendu changer d’axiomes et obtenir d’autres mathématiques, etc. La déduction pourra être de type linéaire. Le discours cartésien emprunte cette méthode à partir de l’évidence (pour Descartes) : « Je pense donc je suis ». Pour les théologiens, le point de départ est l’existence de Dieu. Une fois que vous avez accepté le ou les points de départ, vous êtes mis en quelque sorte sur rail, obligés d’aller jusqu’au bout de la logique dès lors que vous avez souscrits à ses prémisses.


Les dogmes catholiques se déduisent ainsi les uns des autres avec une parfaite logique. Voyez plutôt :

Le début de la Genèse nous dit qu’il y avait un paradis où l’Homme vivait heureux en compagnie de Dieu, en toute éternité et en toute innocence et ignorance (Dieu se réservant la connaissance du Bien et du Mal). Voulant s’égaler à Dieu qui jouit de cette connaissance, les premiers hommes furent chasser de ce paradis : ce fut la Chute où ils tombèrent dans le péché, connurent désormais la mort et durent travailler dur dur pour survivre ! Le Royaume de Dieu prêché par Jésus vaut des retrouvailles sur fond de rédemption : Dieu nous pardonne et rétablit ce paradis originel. Ce sera à la Fin des temps, après un Jugement dernier (croyance eschatologique que les Juifs en exode à Babylone empruntèrent aux zoroastriens de Perse). Le Moonisme fonde précisément sa doctrine sur cette restauration du Paradis qui est l’œuvre cosmique des messies (et après Jean Baptiste et Jésus qui ont échoué car n’ayant pas réussi à convaincre les élites de leur temps, c’est au tour du révérend Moon – et maintenant de ses successeurs – d’opérer en ce sens) (voir notre rubrique « Le messianisme de Moon » dans les Actualités unitariennes, lien)

Cette espérance eschatologique est partagée par tous les chrétiens, du moins toutes les Eglises, sauf la mouvance unitarienne qui est discrète en ce qui concerne la résurrection pascale proprement dite (même si la fête pascale est maintenue comme fête du printemps). Pour la révérende Maria Pap, le vendredi saint où nous célébrons la mort de Jésus est d’ailleurs plus important que le jour même de Pâque : « Le saint malfaiteur (Luc 23, 38-43) » publié le 3 avril 2010 sur le site de l’Eglise unitarienne francophone (lien) où elle dispose d'une chaire (rubrique : « la chaire du pasteur »),

shadok_intelligent.jpgLe point de départ de la dogmatique catholique se trouve d’une part dans la divinisation de Jésus (c’est chose faite au tout début du IIème siècle au vue des épîtres de l’évêque Ignace d’Antioche), dont le corps a été ressuscité par Dieu et qui est monté au Ciel avec ce corps intact (l’Ascension), d’autre part dans la rhétorique de Paul qui, dans l’épître qu’il adresse aux Romains (5, 12-20), met en parallèle l’Adam de la Genèse – qui a chuté – et Jésus qui, pour nous, est un nouvel Adam nous réintroduisant au Paradis ! Belle rhétorique d’un prédicateur, mais qui a été prise pour argent comptant par les théologiens ! Le Péché originel était né et promis à un bel avenir !

Dès lors, le train dogmatique peut démarrer. Marie, mère de Jésus, devient ipso facto mère de Dieu (Théodokos). Mais ayant porté en son sein Dieu, elle a dû auparavant être dispensée du Péché originel car Dieu ne saurait cohabiter avec une telle souillure. N’ayant pas été baptisée – et donc lavée de ce péché – il a fallu que, par grâce toute spéciale, elle fut dispensée à sa propre naissance de ce péché inter-générationnel pour être à même de pouvoir enfanter Dieu : elle est donc NECESSAIREMENT « immaculée conception ».

Enfin, la conception de Jésus a été « virginale », Marie restant vierge de tout contact sexuel de nature humaine – c’est, entre autres, ce que Luc recueille au cours de ses enquêtes (Lc 1, 3 « … après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines »). L’Eglise catholique affirme en plus que Marie est restée vierge (elle est à tout jamais la Vierge Marie), nonobstant les frères et sœurs de Jésus qui sont cités dans les évangiles, mais qu’elle considère seulement comme des cousins ou encore comme des enfants que Joseph aurait eus d’un mariage antérieur (donc demi-frères et demi-sœurs en l’occurrence).

Le corps de Marie, si pur et sanctifié en plus par cette présence divine en son sein, n’a pas pu être livré à la décomposition que connaît tout cadavre. A sa mort, son corps, par grâce spéciale, devançant en quelque sorte la résurrection des corps lors du Jugement dernier, a accompagné son âme – c’est la Dormition chez les orthodoxes et l’Assomption chez les catholiques.

Le culte marial découle de tout cela et, dans cette logique, on ne comprend pas que les Réformes protestantes qui ont pourtant entériné les conciles œcuméniques du 1er millénaire, y compris la proclamation de Marie Mère de Dieu (ce qui n’est pas le cas de la Réforme anti-trinitaire qui, elle, rejette ces conciles à commencer par le premier, celui de Nicée en 325), s’arrêtent soudain au milieu du gué et font grief aux catholiques de ce culte !

Le baptême n’est pas seulement l’introduction initiatique (par un rituel) au sein d’une communauté chrétienne, mais le lavement de ce pêché originel. Lorsque l’enfant meurt avant d’avoir pu être baptisé, il ne peut aller ni en Enfer car il n’a pas lui-même commis de péché, mais il ne peut pas aller non plus au Paradis car il est entaché du Péché originel ! Les limbes sont donc NECESSAIRES pour recueillir son âme et doivent en conséquence exister ! Le pédobaptême est de toute évidence une obligation morale et il est criminel de s’y soustraire car cela condamne les enfants qui décèdent sans baptême à être privé ad vitam eternam du bonheur paradisiaque. A noter que, en 2012, le Vatican est revenu sur cette histoire de limbes sans nous expliquer d’ailleurs pourquoi !

A partir de la Pentecôte, Jésus nous envoie le Saint Esprit et, par là, inspire les communautés qui se réunissent en son nom. Les conciles, par les décisions qu’ils prennent (à la majorité des voix) correspondent à la volonté de Dieu (le Saint-Esprit étant une personne de la Trinité) ; leurs résolutions sont donc obligatoires qu’ils portent sur les croyances, sur des directives pastorales ou encore sur de simples questions de discipline religieuse. Cela commence avec les évangélistes dont la plume est supposée « inspirée » d’en Haut, en quelque sort tenue par Dieu ! et donc correspondre à la Parole divine (les musulmans feront mieux encore avec leur assertion d’un Coran descendu du Ciel !). A terme, on aboutit à l’infaillibilité pontificale concernant les grandes « vérités » que le pape est amené à proclamer dans certaines circonstances au nom de l’Eglise (du moins de l’Eglise catholique romaine dont il est le chef spirituel).

On voit bien que le train est devenu fou et conduit droit au mur, mais – que diable – pourquoi monter dans un tel train ? Par déduction linéaire on peut ainsi aboutir à des absurdités que le simple bon sens écarterait.

 

Les théologiens catholiques ne sont pas les seuls à raisonner ainsi. L’histoire analysée par le marxisme a accouché d’un évolutionnisme linéaire, particulièrement réducteur et partial, en totale contradiction avec les méthodes scientifiques bien plus prudentes des historiens. Les argumentaires utilisées par les trotskistes ou encore par les fondamentalistes et bien d’autres sectaires relèvent aussi d’un tel mode de pensée. On enchaîne les idées comme on égrène les grains d’un chapelet avec l’assurance que donne le simplisme, la parfaite ignorance du contexte historique qui les a vu naître, la vertueuse obéissance vis-à-vis des magistères religieux ou politiques, la supériorité que donne le pseudo savoir et l’utilisation de mots apparemment savants …

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